Archive pour avril, 2009

061. La Liseuse De Contes

Posted in meurtre with tags on avril 30, 2009 by 1000morts

La viande, qu’elle traîne, et destituée, coulisse mollement autour de ses os, son sang solidifié. Ses six bustes, cent carotides, soixante bras et six prunelles fixent la matrice de la matière. Son vêtement en peau de paon déployé sur l’arrière, arme blanche aussi large que longue, gardienne du troupeau oculaire, derme de manticore prodigieuse, fait d’elle une fée d’ailes. Jusqu’à ce qu’on l’oublie et qu’elle crève dans un spasme et la lumière d’une chandelle de marin.

060. La Lanceuse De Tempêtes

Posted in magie noire, munchhausen with tags , on avril 29, 2009 by 1000morts

Ses cheveux roux roulent comme une toux amère sur sa poitrine plate. Liz-la-Tachée, avec sa selle des fées sur le haut du nez. Liz-la-Passoire, ses rousseurs empreintes du soleil hérétique. Née dans la misère, sa richesse taillée à même la roche intérieure. Elle devine et gamberge, déploie ses artifices, sa propre sagesse païenne, murmures ses borborygmes dans sa soupe corticale, comme un ruban qu’elle tord en se contorsionnant. La fumée des six essences, et sa propre septime vapeur du corps, Liz-la-Brume clarté défonce la porte de son origine et, furie, déchire sa peau pour passer à travers.

059. Enfant Du Blé

Posted in mort naturelle with tags , , on avril 28, 2009 by 1000morts

Sinhef Zone³, civilisation du blé, de la vie. Le silo du Diamonde itself, l’envers de Khalaï, où ne pousse que le maïs entre les mausolées doublés de plomb. Tim S. Glass, son enregistreur portatif en bandoulière, écoute et capte le bruit du silence qui siffle entre les tiges. L’un, étroit, blanc, velu, léger, dansant ; l’autre, lourd, boueux, méthodique, épais, jaunâtre. Le maïs étouffe où le blé gonfle. Une permanence de l’emprisonnement opposée à la triomphante constance du faiblard.

058. Scène De Loge Après Le Spectacle

Posted in mort naturelle with tags on avril 27, 2009 by 1000morts

Messaline en sa loge, immobile en son ombre qui virevolte au pinceau de la chandelle mourante.

057. Le Second Satyre De La Colère-Serpent

Posted in fantôme, torture with tags , on avril 26, 2009 by 1000morts

Dans les caves de l’Hôpital. Où l’on sent l’odeur de l’herbe jaune, des cataplasmes boueux, la vie saignante qui exulte. Nile, mon nom, a sa vie propre. Il se retourne comme des gants, qui sont eux-mêmes des mots. Cette petite fille, croisée dans la journée : la nuit, elle est cri, elle est attachés à son lit, elle est travaillée au corps par le diable de l’hosto. Son nom d’enfance : Elizabeth. Son nom d’enfance a quelque chose de raccourci aujourd’hui – mais quel jour on est ? Voyons voir, la table roulante est descendue à sept fois trois reprises, une semaine tout rond. Ici, il fait froid, question de tissus je crois. Il y a surtout cette lumière noire qui émane de moi, heureusement que je suis le seul à pouvoir la voir. Mis à part les trucs qui habitent l’Hôpital avec moi. Ils sont comme une mouvance du coin de l’oeil. Je voudrais leur trouver un nom, à eux aussi. Mais ils ne grandissent pas, ils ne grandiront pas, ils sont restés là depuis toujours, et maintenant ils marchent dans ces couloirs, ç’aurait pu être un home pour vieux ou un immeuble de bureaux ou un ensemble de maisons victoriennes aux toits de tuiles recouverts d’engoulevents. C’a été une clinique où des âmes veillent dans le souvenir.

056. Slough Feg

Posted in sacrifice with tags , , on avril 25, 2009 by 1000morts

Liz sorcerise dans son trou dans la terre, ses sept poteries bulbeuses fumant de sept essences, hêtre, if, noyer, pommier, aulne, noisetier et surtout saule. Dieu Du Passage, dieu peint sur les parois internes de Liz, dieu à la corne brisée par la danse, dieu de la trinité idéale : mouvement, changement, simplicité.

Les volutes quintessentielles déplacent les ombrures au plafond et s’extirpent pour embaumer le chemin d’accès, tout juste une fissure dans la paroi abdominale de la montagne qui brûle en son sommet. Les pièges tapis, le carrelage noir et blanc, les portraits aux yeux mouvants, minotaure caché derrière une porte, vampires et fantômes, le dragon charmé et la flèche qui ne manque jamais son but, formule magique, outils qui creusent et déblaient par eux-mêmes, les parties de dés où se jouent la vie d’un homme. Liz, blottie au fond de la montagne sacrée, perpétue ses ensorcellements. Ses trois clés multiplient leurs erreurs d’un éparpillement dans les souterrains, les galeries, le labyrinthe, une conque de déraison. Liz appelle le dieu cornu des anciennes croyances, l’animal humain, son dévouement dans l’ouverture des portes menant aux enfers respectifs. Et l’acier mêlé de sang se goûte dans son rire.

055. L’Heur Du Double Soleil

Posted in devoration with tags , on avril 24, 2009 by 1000morts

Chrome dans la lumière de Skylight, du bonheur mercurial bu par ses pores, sourire de Chrome étiré vers le double soleil couleur de ciel, quand le ciel d’or extermine les ombres et l’essence des recoins.

054. L’Octoplame Qu’Est Wier

Posted in devoration with tags on avril 23, 2009 by 1000morts

L’araignée Wier berce en son giron le désir d’une progéniture. Le frelon géant qui la pique lui pond ses oeufs dans le bide, Wier l’octoplasme engrossé déroule son cordon ombilical de salive et se crée un cocon d’humeur – mais ce n’est pas une procréation qui s’opère, mais une antécréation ; c’est une antégéniture qui éclate la paroi abdominale de l’arachne qu’est Wier avant d’être dévorée par celui-ci, digéré de l’intérieur mais rendu plus fort encore par la chrysalide létale qui l’entourait.

053. Où L’On Rencontre L’Insecte Nocturne Qui Dévore Chrome

Posted in devoration with tags , on avril 22, 2009 by 1000morts

La porte de l’accueil s’ouvre, grince, se referme seule, claque gentiment. Avec son store fermé, c’est la nuit qui à présent remplit ses yeux. Pas beaucoup de fenetres éclairées sur la bande reptile qui s’étire au dessus du parking, lui, vraiment dans l’obscurité. Quelques sons de ventilateur, oui. La musique fréquentielle du sang qui se fracasse contre ses tympans, car Chrome a peur. Il laisse venir cette énergie. Elle lui fait comme un manteau de hurlement fluvial qui le porte, durcit ses muscles, resserre les pores de sa peau. Sa peau est son arme de destruction la plus massive, c’est un insecte moulé sur son propre corps qui enfonce ses trompes innombrables dans chacune de ses bouches dermiques et remplace son sang en l’aspirant, par quelque chose, de l’adamantium en fusion, un vitriol purifié, l’eau bénite distillée à grande échelle par le Bureau. Chrome est là, machine, debout dans le parking, humant l’air inhumain qui chante à ses oreilles, La Petite Musique De Nuit De La Peur.

Exsangue sauf de concentration vaguale, Chrome pose la main sur le coffre de la voiture de Nile et ferme les yeux, entre en résonnance, parcourt l’habitacle, creuse sous les banquettes, perfore les doublures, évide les circuits électriques, émonde le tableau de bord et les haut-parleurs, mais ne trouve rien d’utile. Alors Chrome rouvre les yeux pour la dernière fois cette nuit et entame sa montée de l’escalier qui mène à la galerie de Nile.

052. La Charmeuse D’Ether

Posted in meurtre with tags , on avril 21, 2009 by 1000morts

Messie, c’est la danse elle-même, elle a charmé des princes allemands exilés à Londres, dans des salons pleins à craquer, convoitise, fumées, les chaises en cercle, prêts à observer ses évolutions. La vie en ronds, elle, Messaline, les yeux cernés, double violette fanée à la semblance des yeux, d’ores se départit de ses accoutrements pour enfiler l’invisible mise du peuple démon, et déjà les excroissances épousent son ombre projetée. Car les chandelles sont teintes en rouge et en noir, dégoulinent de choses convexes, et leur parfum d’odeur baigne l’aurore d’un coton moite. Messaline s’offre aux regards, épouse ces regards, imprime la torsion de ces dégueulis oculaires, et ses chants sont main fine tendue à travers le voile du décès.

Pendant que danse, Messie peut lire sur les lèvres du Duc. « … Car les succubes sont trésors aux mortels interdits, mon cher… » Et ce disant, les lèvres presqu’absentes de Wier dessinent une pandémie, l’envahissement des bubons, profitent, engendrent, jouissent. « … Que viennent les serviteurs, de la nuit ou du feu… » Il murmure mais ses lettrines sont déchirantes aux oreilles de la tournoyante, le poids acéré des caractères employés. « … J’ai des fers pour eux, et la terminaison s’opérera quand moi, je l’aurai décidé… » Il murmure droit dans l’oreille de son Hôte, des sanglots bilieux, une sanie d’or. « … L’host du prince est en la vallée réunie, elle attend mon bon plaisir… » Ses accents sont murs soupirants, corridors fantômals, perpétuation de l’espèce. « … J’annonce une Guerre Du Sang… » Et Messie voit les yeux de leur Hôte virer au blanc de certaines heures du crépuscule.