Prêtes pour la danse. L’alcool dans leur bouche a le goût du sang ; il lutte pour être avalé, se mêle à la salive, aux bactéries, appuie sur les chairs et la muqueuse des pleureuses. Elles ne la reconnaissent pas. Tout ici ralentit quand les silhouettes tremblotent. Il fait froid. La peau frissonne malgré la fourrure.
Liz nue dans les vents contraires. Appuie sa main sur son front, brûlant de fièvre.
Elle croise les femmes en rang d’oignon. Parmi les claies et les sentiers du désert.
Deux par deux, boules de douleur tête baissée vers les berceaux invisibles insérés dans la terre. Elles dansent des filles de joie, des navettes qui vont et viennent, des fuseaux où tout cesse et tout échoue, souvenirs de brisures, coutures apparentes, main dans la main elles lèvent les yeux et sautent leurs danses d’araignées, filent le parfait amour, tendent des cordages pour piéger les cauchemars.
Liz voit des visages rougis par l’effort, la tension des battements de cœur, les planchers et la dissimulation, elle prend la mesure des espaces, et cette tendresse insoutenable, comme un rasoir mélodieux, sur sa peau l’écartement des parois, Liz descend vers le ventre et c’est le vent qui la porte, chœur de chevelures, pas de deux autour des viscères, son urne bien au chaud, et déjà l’éternuement des poussières, main dans la main, tête baissée vers les petites boîtes effacées, les planchers sourds, et cette silhouette minuscule qui s’évanouit quand chante l’aurore.