Le froid pénètre.
Tout entre en elle.
L’écartèlement du goût sur sa langue.
Vraie à elle-même. Le sel et sa lagune.
Toute sa vie comme un poids qui l’entraîne vers le fond.
Portée par les oiseaux brillants, elle picore les miettes de limon. Fait face à la solitude.
Laisse entrer l’eau. Laisse tout entrer. Muette aux cris des confins.
On échange les apparences des années plus tôt.
Nos formes mouvantes dans le courant. L’importance de ce qui n’en a pas.
Elle boit l’alcool sur sa langue. Écoute les voix qui se bousculent.
Vit pour les autres.
Respire pour les autres. Et c’est un air différent qui s’injecte dans ses poumons. Ici elle est seule.
Le manque d’oxygène coagule des larmes à ses yeux. Ce manque est en elle.
Elle n’est que creux.
Ses poumons s’effondrent sur eux-mêmes. Visage de régolite. Plis amers de la bouche. Grève, jetée, plusieurs pas au-dessus des flots.
Sa barque est d’os. Elle piétine l’embarcadère et jette son poids.
Noie ses étrangetés. Avale les secousses. Laisse le monde saigner à mort.
Frappe le bois du creux des doigts.
Hoquetant dans les remous.
Sac de toile.
Secouée d’inondations.
Lentement vers le bas.