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500. Souvenir Calcifié Des Anéantissements : Sous L’Angle De La Maison-Sorcière

Posted in immolation, irradiation, meurtre, poison with tags , , , , , , , , on décembre 19, 2019 by 1000morts

L’air est flammes, ici où les géants ont copulé sur les monticules. Lames de volcans. L’aveuglante nudité. Des œufs étranges sous le nid d’étoiles. Alors il n’y avait que du sang rouge dans les tranchées. Des visages interdits tendus vers la lune. Les reflets du poison sur leurs peaux d’écailles. Quelque chose dans la rythmique de leurs cris, la pulsation de leurs griffes, le chant de grillon parmi leurs étincelles internes. Tout près d’ici, le grésillement d’une chair en feu dans une carcasse de voiture. Les abords des ruisseaux nucléaires.

Chute de mondes.

Ici où les racines plongent, où les astres portent un nom, numérotés d’usage, endogames en leurs cryptographies du diable. Coupés des artères, dans l’arrière-boutique du corps, ces silhouettes cyclopéennes s’ébrouent en contrebas de la maison.

D’ores les coquillages s’amoncellent. Pétrole incandescent. Lui qui explose au bain amer. La colline comme un poing serré. Un œil ouvert sur la boîte. Ces fruits aux autres couleurs. Ici où les nouvelles créatures se serrent les unes contre les autres, pour s’échauffer. Sous les pluies acides. Les lignes de basse, réunies en un nuage, rubans de voix, visages qui hantent derrière le verre dépoli. Les enfants s’éveillent au bruit qui claque. Jouent à cache-cache avec le temps.

Et déjà les ossements s’entassent, allongés sur les civilisations pétrifiées, œil ouvert œil fermé, nettoyés à l’alcool. Strates après strates. La fortune des envieux.

Affamés, les seigneurs de la faim négocient leur passage dans un autre monde. Ici où les fenêtres oculaires grésillent au tison de l’appétit. Leurs doubles rangées de crocs saignent au délire de la peau. Caressent les contours d’une ombre. Et entendent les cycles de l’écho.

Ces animaux creusent les fondations, rabattent les monceaux de laitance, encerclent la suie dans les collines creuses, appréhendent les retours maudits, touchent du doigt le chambranle des portes définitivement closes.

Néons de couleur aux bordures.

Mâles déguisés en femelles près de la chandelle allumée.

Ici où tout est flammes.

On pose les bases d’un mensonge de stèle.

Papillons d’yeux sur les paumes de leurs mains.

Vapeur poreuse découpée en bloc.

D’un côté, les pierres s’élèvent ; de l’autre, la paroi s’éventre. Bientôt gagnée par l’herbe et l’ordure, les salamandres de l’autel, les sentiers qui perdent la vue. Falaises déchiquetées longent la voie ferrée. Ici où l’on dresse des fours comme totems des aliénistes.

Ici où mourir signifie retrouver la chaleur.

Par-dessus la colline noire, mil neuf cent vingt-sept, les pierres s’ajustent, les chairs brûlent, plan de travail, factures non payées, et ces hommes qui poussent, tirent et élèvent, barbouillés d’une suée blanche, pour le prix d’un exilé, un qui se multiplie comme un miracle. Eux triturent les viscères. Leurs corps dans la pierre. Leurs corps dans la pierre.

D’une façon ou d’une autre il y a eu pacte.

Portrait d’un crime, recouvert de ciment ; pas de reflet, jamais, de la maison dans le petit étang qui la polit comme un miroir. Rien ici ne se vit.

Buissons de noisetiers. Fosse septique où les enfants se perdent.

Trois générations pour jouer à la roulette russe. Point de guet pour l’entre-deux. Zones d’apitoiement des vents contraires. Quelque chose dans le ciel qui se déchire. Tenir tout au bout des doigts, le serpent luminescent, les regards en plongée, les iris découpés, l’avenue cachée sous les serres chaudes. Le goût du soufre ouvre des portes. Là, tout près de la caverne à la vierge. Planquée comme une chienne le long des marches. Tout ici a toujours été ici.

Et très vite les chambres à part. La séparation des dynasties qui se lèvent. Vue sur les najas. Vue sur la clôture épidermique. D’un étage l’autre, brume napalm du silence.

Ici où l’on bâtit une chapelle, ils atermoient sur leur âme lorsqu’il s’agit de se planter un couteau dans le cœur. Ils ont fait ces caves, ces tunnels aux murs de terre sèche, ces bifurcations, ces étouffements. Ils ont fait ces carreaux bleu et blanc, ces portes-fenêtres et ces pièces du sommeil, ces montées d’escalier de la morsure, ces paliers d’où l’on se jette, ces chambres de scission, et ces dernières marches vers le sommet. Balcon de verre sur la nuit, paratonnerre pour garde-fou, les larmes conductrices d’étincelles.

L’odeur du créosote et du cyanure. L’or blanc des maisons de passe. Toutes pareilles. Buissons desséchés, les hurlements des créatures, deux-façades de la misère, des histoires plein les commissariats, murmures aux veines blanches, ils ont monté des grilles et bâti des dépendances, hululement de l’alcool, fosse commune, l’odeur des bêtes et de la merde, quelqu’un à la fenêtre, dans la strangulation de son monde, un rideau de mains, briser le plomb d’une glace sans tain, et cet animal sans reflet, ses yeux d’images glacés de mauvaise nourriture, un chemin qui monte vers les nouvelles dépendances, et par-delà les grilles l’autre route, entre le grumeau d’une peau rouge et l’alignement pervers des excroissances, le tuyau d’eau glacée, les discussions à rebours, ne pas voir la folie, ne pas sentir l’odeur du cadavre, lui préférer le masque des iris coupés et le rictus des acouphènes.

Ici où l’on bâtit des lignes à haute tension, où les serpents emportent de pleines phalanges, où les murs de mues découpent les poèmes noirs en échardes.

La schizophrénie comme pratique moderne de l’échangisme individuel. Une chambre pour une autre ; passage des fluides corporels d’un étage à l’autre ; transfert des musiques du chambranle ; salles-mausolées aux sarcophages anéantis. Toutes les facettes d’un même diamant faux.

Alignement de pierres dressées ; livres debout dans les bibliothèques de la nuit toujours, face aux cités découpées de persiennes, les statuettes en morceaux, rocking-chair des femmes absentes, et toujours ce parfum, la fleur des respirations nocturnes. Dormir sans paupières. Branlettes sous les tapis de toilette. Spectacles permanents par-dessus les lavabos. Les cuisines mutent en salles de bains. Chambres d’amis où perdure la maladie. Mémoire d’artériosclérose latérale. Mémoire de chapelet. Mémoire du refus et du bannissement.

Faire attention aux pas, aux grincements. Ici où les bêtes viennent boire. Les monticules se font prison. En leur creux coulent les fluides de la viande.

Premières marches vers la porte définitive, l’antichambre des renoncements, goût de métal sous la langue.

Sous la lumière oblique des chambres qui n’existent pas. Boire l’oubli. L’angle précis sous lequel apparaissent les filaments d’aigue-marines. Exaltés par l’accroissement des montagnes oculaires. Comment cerner une maison qui s’échappe de partout ?

Fenêtres de bois vernis. Leurs mécanismes escamotés. Basés sur la domination. Visions du château-fort. Visions des distances. Accumuler les expériences. La sueur et le sang. Petite boîte encastrée à gauche de la grille. Des fleurs à séquestrer. Dormir dans la paille plutôt que rentrer chez soi. Subir les questionnements. Raconter les vies.

Sentir les tuiles sous la main. Des propositions d’effondrements. Être un nuage accroché aux anfractuosités. Et sa robe tachetée de trous noirs, devenir ce qu’on n’a jamais voulu qu’on soit. Deux impasses sur trois. Une chance sur neuf de trouver le sourire.

Elle partout dans les murs, sa disparition dans le monte-charge sur quatre étages, toutes ces morts évitées de justesse, tomber dans l’oublie, faire lire les lignes de la paume, les lambeaux à déchirer, quelque chose du sang qui perle, impossible tu comprends ? impossible mais tu sais ce qui se joue ici, ce qui doit se dire, ces jeux de hasard où l’on fait gagner l’autre, la perte du souvenir comme effacement de la pensée, musique atroce, identification des généalogies, elle donne naissance à son père, ici c’est elle.

Conte de fées de la pauvreté. La maison se bâtit d’elle-même, elle enfante ses coupe-gorges, tout le prix qu’elle y met concourt aux descendances ensanglantées. Elle enfant voit les pierres s’élever d’elles-mêmes, magie des transparences, des maisons identiques, des nourritures pour les porcs. Elle soulève la fonte et succombe aux atours de la dame en noir.

Aux appendices mutilés.

Courir les bras contre soi, contre la montre, vers la gauche contourner l’arbre et retour, s’arrêter avant les territoires interdits, les kiosques de caresses, les attouchements, les prairies gonflées d’étrons, les animaux pleins, les frontières de tous les territoires. Ricocher vers la maison et, devant son visage inverse, voir le fer planté dans la chair. Et les larmes métallurgiques étouffer les cris et les reconnaissances.

Ici où le verre égrène ses visages, constater la couleur, l’absence de lumière, la rambarde qui plante ses échardes sous les ongles, le puits peu profond, fenêtre vers un ciel de nuit, oubliette vers l’infini, quelqu’un s’appuie sur le bois, l’homme aux images, qui se noie dans un fleuve serpent, ici où les tatouages remontent le fil du temps, où les ongles grattent la fine couche d’étain, où les limites sont atteintes, il faut se réchauffer en brûlant les amoncellements.

Au ciel où butent les descendances, il s’offre. Sa tête dans la main. Oiseaux en cage. L’odeur des chiens. Retrouver la vie du ventre.

Elle pleut en nuit sur la verrière. Longue chevelure lactée par deux chiens couchés. Ici dessine les carreaux séparés du plomb des crucifixions. Ici la dame aux poisons ouvre ses chas et déverse les cascades sur les planchers disjoints.

Au plafond du premier, corridor murmurant des daguerréotypes, on épelle le nom et tout doit s’ouvrir, mais c’est la chair qui s’ouvre, c’est la chair qui s’ouvre, la chair sèche des tunnels du remembrement.

Ses mains plaquées contre le verre, marionnettes des territoires, l’épidémie des reconfigurations du souvenir. Ici où les spectres absorbent les débris de plusieurs vies. On n’a pas le droit de dévier de la ligne droite ; vers la chambre ou l’escalier, plongeon dans les puits de verre, les collines verticales, jusqu’au four à chaux, ici où les corps s’espacent dans un nuage de fumée. Cœur magique de vapeur d’eau. Soupirs d’osselets.

Et dans la chambre où la maison se trouve, quelque chose se cache derrière la façade. La prestidigitation de Liz. S’identifier aux bois du lit, de la table, de la coiffeuse, de la garde-robe. Trahir la transmission. Ne retenir que la nuit cloutée, la chambre télévisée, la salle-à-manger des générations successives, tout trahir, tout absorber, elle une amibe à taille humaine, réorganise son champ d’opération en énumérant les bordels militaires de campagne.

À la croisée des chemins, Liz prend des bains de jeunes vierges et refuse les dénégations.

Soupçons déversés par les douves.

Disparition de l’inconvenance. Ne pas pouvoir pardonner.

Ici où le gibet se dresse, il a la semblance d’une maison.

Son ombre jusqu’à l’école primaire. Pseudonyme des revendications. Savoir qu’on porte le nom du verre brisé. Des fantômes coulés dans les hauts-fourneaux. Ici où la chaleur à chaux. Ici où les corps renforcent les parois. Souvenir calcifié des anéantissements.

Souvenir calcifié des anéantissements.

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495. Miroir Sans Tain, Parfum Des Élancements Dérisoires : Sous L’Angle De La Maison-Sorcière XIV

Posted in defenestration with tags , on décembre 14, 2019 by 1000morts

Une épaisseur de bois, une épaisseur de chair, plongée seule sous les draps d’un lit de vigueur. Maison de poupées où s’échouent les renoncements, s’accrochent les filaments de quelque chose qui ressemble au passé. Coiffeuse au verre sans tain. Cette longue table face aux fenêtres, face à Byble lovée contre sa colline, cette flaque de ville informe acculée au désert.

Et ce lit double aux formes uniques.

Porte-fenêtre vers les balcons de béton armé.

Leur lune en bouche de colère.

Leur ciel de nuée, d’un gris rose, une pierre précieuse explosée, étalée sur le monde au doigt gras, avancer ici comme cela, avancer dans la chambre, vers les parfums, les odeurs violettes, les morceaux de verre qui ne reflètent rien, ce parfum de trottoir au soleil, le bruit métallique des livraisons de gaz, l’appel aux consommations.

Avancer ici aux balcons des pièges-à-loup.

Porte ouverte sur un monde en cul-de-sac.

Tomber dans le ciel ; en définitive, avancer dans cette antichambre de l’horreur comme une errance en eaux calmes.

Se jeter plutôt que chuter.

Et offrir aux mains tendues autre chose qu’une gorgée d’alcool échangée contre un aller simple au sommet des grues du levant.

L’image des élancements dérisoires et définitifs.

488. Ici Les Impasses Sont Vaines : Sous L’Angle De La Maison-Sorcière XIII

Posted in poison, possession with tags , on décembre 7, 2019 by 1000morts

Comme un couloir mausolée, la rythmique du plomb, un conduit encrassé de fantômes.

Ces photogrammes du temps glacé, alignés tant de parallèles et méridiens des urètres contre la vie.

Avancer dans le couloir à reculons vers les douves. Une femme nue seule dessinant des pentagrammes au sol, prête aux affaires. Le chien à tête d’homme, sa langue pendante sur les traces de sabots brûlants. Soupirs en ancien français. Le rire, commerce du Diable. Quelque part au-dessus des corridors s’estompe la marque et les engravements des dieux de la chair, boursouflés dans leur piège.

Ici les hôtes sont interchangeables dans l’éther.

Couloir couleur de marais.

Les affluents de la séparation. La chambre en peau de serpent, simple fenêtre, plus le pouvoir de se parler, vitrine exfoliante, quelque chose d’une tristesse extrême.

Visage de la colère.

Doigts explosés sous les roues. Serpent fin comme du papier d’Arménie. Parfum du silence.

Ici s’endorment les mystères. Anneaux refermés sur eux-mêmes, les crocs plantés dans les gencives, et son venin, son venin dans les pores, extirpé d’un cerveau sans liesse.

Ici gisent les beaux et les promesses. Les poèmes funèbres du sexe. La folie qui se mêle à elle-même. Ils sont venin. Les interrogations des vies africaines. Une vie à canon.

Leurs vies sont venin.

Leurs dégoûts sont venin.

Et aboutissent ici, dans les chambres aux yeux révulsés, derrière les portes qui ne s’ouvriront pas.

482. Sous La Verrière Des Jumeaux Du Diable : Sous L’Angle De La Maison-Sorcière XII

Posted in pourrissement with tags , on décembre 1, 2019 by 1000morts

Aller aux verrières où guettent les jumeaux du diable. Hexagone allongé, double étoile sans pointe, huit rangées de carreaux colorés, portes dérobées vers le puits vertical, on dévisse vers le ciel, accélère jusqu’au flash, aux constellations irisées, négocier la courbe, la vie aux anneaux, sous les combles, par-dessus les caves et les souterrains de l’accouplement, ici où les fauves reposent, la question en forme de clé, translucide comme une goutte de rosée, suspendue aux lustres de la sueur.

Quelque chose de la lampe tempête.

Son bûcher des charmes. Voyage vicieux vers ses spirales de viande. Vol incendie dans un ciel de cartilage. Cantilène des morts lentes.

Ici on porte un masque d’oiseau. On parle un langage de pus. On monnaie les cadavres.

Au bon endroit, on entend la voix des ténèbres elle-même.

Des mèches de cheveux sous verre.

Meubles encastrés dans les membres.

Une cage reliée au cœur. Le chant d’acier des illusionnistes.

Le couloir s’en va vers les chambres où rien ne dort. Les balcons de ciment. Les couchers de soleil incessants. Vue sur l’escalier de bois tordu. Les Chiottes De La Branlette Compulsive. Départ stellaire pour les abrutissements. Au miroir, dit-il.

Au miroir les avancées de la contrefaçon.

Sous la verrière, plongé dans la lumière noire des nouvelles lunes, sa forme humanisée dans la refondation des alliances, lance plantée au fleuve de najas en furie, toutes ces visions lui traversent l’esprit sous la verrière, quand un souffle passe de la pierre au vitrail.

Fait trembler les voiles de veine.

Jette des ponts et abat des aqueducs.

Tous ces amas de muscles au service d’une ligne de code.

Avant la grande faillite des corps : une maison aux angles suraigus. Et à la fenêtre de cette pièce qui n’existe pas.

Un œil géant guette la peau sensible du visiteur.

478. À L’Oubli Des Générations De La Faim : Sous L’Angle De La Maison-Sorcière X

Posted in famine with tags , on novembre 27, 2019 by 1000morts

Passé la porte du verre, le rectangle découpé, étroit, jusqu’aux sorties grandioses. Vision du béton, de la pierre, du calcaire dont on fait des temples. Ces corps extraits des vallées de pauvreté.

Tout a disparu qui semblait gravé pour l’éternité.

Les proportions du bois sombre.

Toutes ces fenêtres qui ne seraient qu’aux fantômes.

Les portemanteaux en creux. Quelque chose de l’œil unique, déformé par le gigantisme, comme l’éléphantiasis oculaire des maisons-sorcières. Quelque chose qui se concentre ici, dans la poésie amère du passé.

Ces quelques marches menant aux autoroutes du passage.

La terre écœurante. Les noisetiers de chair ; nos noms sur chacun d’entre eux, comme tatouages entés sur des peaux vairon.

L’homme aux yeux tachetés.

Son manteau jaune derrière la vitre du placard ; salle d’attente des atermoiements et des reproches aux enfants, envoyés en larmes dans la forêt qui toujours sépare une maison d’une autre.

Coup d’œil au ciel. Leurs regards descendant comme des clous. Leurs sourires constellations. Les souffles nébuleuses dans l’air frais de l’aube. Attendre le lever du soleil, caféiné jusqu’à la moelle, pour le geste. L’amour des situations.

Ici convergent les lignes de force, et l’oubli des générations de la faim.

474. Incarnation Aux Carrelages Froids Des Chapelles Ardentes : Sous L’Angle De La Maison-Sorcière IX

Posted in fantôme, poison with tags , on novembre 23, 2019 by 1000morts

Rendez-vous dans le hall des spectres, que les marées n’envahissent pas.

Doigts ténus sur la corde. Meuble bas ; photos du passé collées sur des plaques de bois sensible.

Ici les morts s’exposent jusqu’à l’ivresse et l’oubli. Des corps décalés, bourrés jusqu’à la lie, traversent un Léthé d’antichambre. Toujours un temps de retard. Une voix qui contredit. Le froid d’une pièce d’hallali, où les boîtes ne reçoivent pas de couvercle, où l’on attend le signal du voyage.

On perd les noms. La chaleur. Ce n’est qu’un lieu de passages.

Les images du passé recousues à la va-vite.

Salle d’attente du grand vide, résonnant des chocs sourds entre le plancher et les caves. Labyrinthe de contresens. Atteindre le centre c’est s’exposer aux concentrations.

Ici on s’efface. Avec la lenteur des estampes.

Choc aux tympans.

Traduire la bible en grec. Avouer la vérité aux pages racornies, aux muscles de l’engourdissement, au poison des parchemins qui se tournent dans la bouche. Jardins cachés. Suspendus aux voiles du palais. Pois de senteur, chiens guetteurs tous crocs dehors, les créatures du diable des déchirures.

Bruit muscle atteinte aux énergies internes sous la nouvelle étoile.

Ici on passe à autre chose. Sur le carrelage froid bordé de bleu, les chapelles ardentes s’éteignent lentement dans la mémoire des membranes.

S’épuisent.

Lentement s’atténuent au verre des portes vitrées.

472. Regard Baissé Sur Les Hommes Sans Sourire : Sous L’Angle De La Maison-Sorcière VIII

Posted in fantôme, mutilation with tags , on novembre 21, 2019 by 1000morts

Ici le goût amer des nœuds gordiens.

Si chaque nation échoue, elles échoueront ici.

Statuettes d’électricité.

Meuble à dossiers, les générations d’hier gardées par des serrures d’étain. Des visages impassibles. Coups de couteau sur la surface du sous-main. Des chars solaires fixés sur le cuir et le bois des membres. Ici le bureau des harmonies et du chant loup-garou.

Qui peut dire qui se cache. Traduire la bible de la boue.

Au croisement des générations, hernie des sentes, vision-hexagone sur la ville en contrebas, en son marais de conjonctions.

Lumière tinte derrière l’horloge sans bruit.

Derrière le bureau un corps sec qui tourne sur lui-même.

Ampoule percutée.

Dessine des ombres mouvantes dans une pièce où rien ne bouge.

Les phalanges du désespoir se mettent en branle.

Aspirent les espoirs des générations successives.

Et cet homme, en sa nuit, trou noir de doigts manquants, mensonges des fusils braqués sur la tempe, la peur la peur, chemins retraversés dans les larmes, comprendre les drames lisses et les mains sans phalanges, murs baignés des traductions du désespoir, l’alignement de ses cachotteries dressées contre un mur sombre, lui spectre contre lui-même, hantise des retours, des retours, des retours, des retours, des retours.

468. Les Yeux Jusqu’Au Sang Dans Les Pièces Du Sommeil : Sous L’Angle De La Maison-Sorcière VII

Posted in demembrement, suicide with tags , on novembre 17, 2019 by 1000morts

Et quand les battements s’accélèrent, passage-éclair dans les mouroirs de la viande, jusqu’aux lieux où tout s’éteint.

Ici, deux fauteuils, un canapé, vitrine d’objets divers, et dans l’angle quelque chose qu’on ne distingue pas. Vue sur le jardin. Les pendus, le sentier où l’on court, les chiens s’accumulent, déchirent des gorges, les enfants courent vers les kiosques de la perpétuation. Et pourquoi, demandent-ils. Pourquoi faudrait-il toujours tout recommencer ?

Il y a quelque chose dans la ponctuation, répond-elle. Quelque chose qui me pousse à continuer.

Les mots qui changent. Les mutations. Tout cela n’est pas grave, ici tout est possible, les hommes qui se jettent des murs, ceux qui se tirent une balle, écrasent des serpents, jouxtent les mausolées mais pas encore, juste les clichés d’un passé d’ailleurs.

Écriture liquide.

Fleuve du poison.

Joute électrique des informations qu’on refuse.

Ici on dort, on fait des cauchemars, on oublie qu’on existe, on vit une autre vie, on lie d’autres liens, on noue des nœuds dans une existence de mouchoir.

Et à l’autre bout de l’ossuaire, les photographies des origines. La dévastation d’un passé potentiel.

Ici on termine ce qu’on n’a jamais commencé. Et l’on se frotte les yeux jusqu’au sang.

464. Pour Lente Agonie D’Une Main Sans Phalanges : Sous L’Angle De La Maison-Sorcière VI

Posted in operation chirurgicale with tags , on novembre 13, 2019 by 1000morts

Passage sur le billard, l’homme invisible à la main martelée, peau du serpent sur l’étoffe verte et la chair de marbre. Cheminée jumelle, escamotée jusqu’à l’os. Autour de la dalle funéraire, quatre joueurs, quatre queues, quatre bandes. Cinq noms dans le cercle, d’abord le centre puis de gauche à droite. Et dans l’angle où tout soupire, le clavecin du diable, ses marteaux sur tendons résonnent l’hallali des alimentations déficientes.

Trop de fenêtres, trop d’yeux braqués jouant dans les veines, les veines épuisées des oiseaux sans souffle. Peau creusée sous la plume. Témoignage interdit.

Et dans ce renfoncement, les outils de couture, la peau ligaturée, et les statues de femmes nues aux sphères en équilibre, la réunion des farfadets aux dents de sabre, le métronome qui penche de gauche et de droite, et quand les battements s’accélèrent, c’est le monde qui craquelle de droite et de gauche.

Porte-fenêtre ne donne sur rien.

Miroir incandescent.

La lente agonie des mains sans phalanges.

462. Souvenir Du Poème En Noir : Sous L’Angle De La Maison-Sorcière V

Posted in calcification, fantôme, irradiation with tags , on novembre 11, 2019 by 1000morts

Ici la salle-à-manger du meurtre, ses deux portraits en surplomb, l’échange des sangs assemblés, l’ancêtre à la souvenance et l’autre qui calcifie sur sa chaise percée, l’organe a son absence d’os, lieu du chien et de la misère, cheminée sur du vide et bibliothèque qui s’escamote sur le mensonge, promesses sans merci, l’échappatoire des estropiées, un bureau près de la fenêtre par où l’on regarde la créature qui s’approche, le soir qui tombe, la grosseur derrière la mâchoire, ne plus tenir à rien quand les stores s’abaissent comme un train de marchandises. Et derrière les carreaux de verre, la contre-allée vers la falaise, le kiosque où se déclarent les flammes, les champs de moutons et les connexions siamoises, l’erreur et le doute et le troc du sang d’absence. Quand les visages se multiplient en un seul, ces deux portes dont une fausse ouvrent aux plaques de marbre et aux marteaux qui frappent la peau fine des tympans. Elle est miroir sur le manteau. Elle est buffet aux couteaux. Et sous le lustre qui fait pleuvoir la nuit, Liz accroche ses filaments d’hivers nucléaires aux démangeaisons du diable.