Archive pour mars, 2009

031. Back To The Core Motel

Posted in meurtre with tags , on mars 31, 2009 by 1000morts

La Stude se glisse en douceur sur la place de parking, pile devant l’escalier qui mène à la chambre. C’était le genre de motel sur un rez-de-chaussée et un étage, tout en longueur, en forme de L avec vue sur un ravin en manière de vallée de la mort. Sa chambre: la 312. Vraiment étrange, car les numéros semblaient au hasard, et les clés qui ouvraient les portes étaient des anagrammes chiffrés : la sienne : la 213.

La Black descendit en s’écoulant du siège avant droit, elle avait accentué encore ses traits avec du khôl, ça lui faisait des orbites écarquillés et creusait les joues comme un crâne de fusain. Ses fringues, des alignements de lignes brisées, mouvantes dans l’épaisseur du soir, des jupes plissées à degrés en pyramide primitive, et ses sandales, des ballerines rose fané, un des rubans était encore correctement enroulé ; l’autre traînait derrière elle, son dernier lien au sol, tandis que sa grande cage de faraday du corps chaloupait vers la rampe d’escalier, un bras en avant pour guetter le bois, l’autre serrant un sac de bal contre sa poitrine exigue.

Nile s’abîmait dans sa contemplation. Les signes se multipliaient devant ses yeux en surimpression, il sentait sa transpiration grimper le long de l’échine jusqu’aux alcôves neuronales, Nile grattait machinalement les prodromes aux racines de ses cheveux, se pencha par la fenêtre restée ouverte, sortit le sac de papier brun qui commençait déjà à goutter poisseux et empocha les clés.

Ils montèrent l’escalier. La 31 était située juste avant l’angle du L. Une galerie en bois faisait tout le tour, il y avait même une sorte de passerelle coupée pour faire monter une chaise roulante… ou descendre un cercueil, pensa Nile, sentant l’égouttement empoisser sa chemise. Elle avait du mal, la pétasse, à grimper les quinze marches des trois volées d’escalier.

Arrivée devant la porte, face à l’est. La lune, presque éclipsée, griffait sa rétine. Il s’imaginait, sur un transat au bord de la mer de la Tranquillité, à la fraîche, et devant lui la projection géante de la Divine Comédie sur un grand disque bleu laiteux. La promesse d’une rétribution immédiate lui fit reprendre ses esprits, et il enfonça la clé dans la serrure.

– Chéri, je me sens pas bien, là… Je crois que je vais gerber… On peut pas retourner à la voiture ?

– Tu crois que se refaire une séance de montagnes russes arrangera ton état, salope?

– Me parle pas comme ça…

– Entre là-dedans et fais-toi toute petite, ma souris, si tu veux pas finir en boulette de dross.

Nile écrasa un moustique contre sa nuque et referma la porte derrière lui. Mais il n’alluma pas tout de suite.

030. Vision De Liz : Embaumement De L’Enfance

Posted in sexe with tags on mars 30, 2009 by 1000morts

Le premier filament est sorti de son vagin à la puberté.

029. Messie Soumise A La Question

Posted in torture with tags , on mars 29, 2009 by 1000morts

« Sainte-Messaline-Au-Feu, priez pour moi. J’ai longtemps méprisé cet instant, je l’ai vécu tu comprends chérie, mûri, ce fragment d’éternel à la portée des caniches, je t’ai attachée les veines dessus, j’ai imbriqué tes fluides dans leur machinerie nocturne, j’ai coupé tes ailes mon ange et rebifurqué ton origyne, Messie tes bras en croix dessinent une ombre d’aviateur sur mon chagrin. Car tu vois, Messaline, les expériences que nous menons ici ne seront utiles que dans mille jours. »

Messaline penchait dangereusement sur le chaudron. La fumée irritait sa gorge, mais la chaleur insoutenable réchauffant à peine ses membres glacés.  Il paraît qu’on meurt asphyxié, alors même que les terminaisons nerveuses crament en quelques secondes annihilant toute souffrance. Messie était interne à l’Ecole mécanique de l’armée, anciennement un orphelinat baptisé Notre-Dame-De-La-Douleur.

« Ne t’inquiète pas, je connais les gestes, l’espacement des rituels, pour que tu ressentes chaque inclinaison du routeur dans ta clavicule brisée, chaque changement de lame dans ton oreille interne, chaque osselet qui part rejoindre ses coreligionnaires sur ma petite table. Là, dans le coin. Ma collection. »

L’Interrogateur déplace avec souplesse sa lampe frontale et jette une lueur fétide vers le coin de la pièce. Un ensemble fauteuil crapaud/canapé du meilleur effet, avec guéridon et lampe sur pied. Le tout tendu en peaux d’une pâleur de lait.

« Les pieds de la table sont à prendre au sens propre, bien entendu. »

028. Vision De Liz : Deux Visages De Liz

Posted in meurtre with tags on mars 28, 2009 by 1000morts

Liz-la-Tueuse-de-Lunes-de-Miel, emmène son premier mari à 24 ans aux chutes de Niagara, l’envoie valser dans la flotte après un daiquiri bien chargé, pas de bol le quidam en réchappe, l’un des quatre ou cinq à revoir le haut de la berge, Liz-la-Poisse prend le large, change de nom, teint ses cheveux, se maquille au vitriol, Liz-la-Brûle, joue les putes de luxe SM pour se payer un lifting qui la fera ressembler à toute autre, finit par jouer les rats d’hôtel un soir qui tourne mal, Liz-la-Pince-Monseigneur pointe son client et le laisse sur le carreau avant de s’enfuir dans la Lune à bord d’un chat tigré.

027. Enfant Du Maïs

Posted in meurtre with tags , on mars 27, 2009 by 1000morts

Nile referme la boîte, quelques choses s’entrechoquent à l’intérieur. Haut-le-cœur, il manque de gerber sa soupe de bettes sur la commode en bois de cerisier. Ce seraient alors des coups de ceinturon, ce seraient alors la haine, le cancer de la détestation, ce seraient les hyènes et les corbeaux de l’avilie splendeur du couchant. Nile garde ça en tête, va se coucher dans sa chambre minuscule, et projette au plafond la tendre description du futur malheur. Son père, abattu comme un chien jaune, le foie malade, son père, vagissant comme un nouveau-mort-né, son paternel vautré dans sa merde liquéfiée, son pantalon sur les chevilles, honneur au plan Byble, la civilisation du maïs et de la mort, de la pourriture, du soleil invaincu qui tourne à rebours, se couche à l’est et se dresse au ponant, la ville Byble qui se déploie, certaine, autour du Waldorf Astoria des spectres, son père, enfin, attaché aux barbelés sur la chaise de la salle à manger, gavé de grains de maïs comme une oie jusqu’à ce que les yeux explosent des orbites et que chaque pore semble contenir son petit cube jaune arrondi, et Nile le fourre dans le four à chaux jusqu’à ce qu’il éclate comme une piñata d’enfer.

026. Vision De Liz : On N’Attend Plus Que La Couleur Rouge

Posted in pyrokinesie with tags on mars 26, 2009 by 1000morts

Liz-la-Reine-du-Bal, genoux en sang sous sa robe de dentelles blanches, déverse ses auras kinétiques, agite les stations-service en flammes, libère ses dents pointues et la commissure de ses lèvres, Liz-la-Nosférate commande aux ruches des égouts, aux nichées du ciel inverse, Liz-l’Apostate néglige les sacerdoces et remplit le calice des tripes les plus basses du Saint Esprit, sa semence de pourpre cardinalice.

025. Vitriol, Goutte N° 3 : Deszó Blasko

Posted in accident with tags , on mars 25, 2009 by 1000morts

Le cadet Blasko, le ventre implosé sous la poussée du plomb fondu, bascule sur son benjamin qui a toujours eu une cheville plus faible, et c’est la misère du cartilage, une alimentation déficiente, l’effrayante nuit perpétuelle de la crainte, l’appréhension, la toile de l’araignée plus que l’araignée elle-même, la certitude du monstre davantage que sa vision, le sang qui ronge, Deszó soupire son râle final avec un pied qui part dans un sens et le reste de lui dans l’autre, en accent circonflexe, la main lâche l’Uzi qui défèque son foutre et la chiendent de fer en plein dans la tronche de son maître.

024. Où L’On Voit Chrome Changer D’Arme Au Mépris De Sa Vie

Posted in operation chirurgicale with tags , , , , on mars 24, 2009 by 1000morts

– Insérez vos données personnelles…

– [Chrome, agent WIH, matricule FXHD-16674]

– Insérez votre demande…

– [Elssler, Messaline, lieu de résidence actuel]

– Accès refusé.

(Comment ça, « accès refusé » ? C’est la première fois que… Son dossier n’est tout de même pas…)

– [Elssler, Messaline, statut]

– Confidentiel.

(Merde. Ils ont classé son dossier ? Ils ne sont même pas censés connaître son existence. A moins qu’on ne les ait tuyautés.)

(Je connais deux ou trois gars au parfum, qui auraient pu monnayer ce genre d’information. Même aux WIH.)

– Nouvelle assignation : Rossetti, Nile ; lieu de résidence : Core Motel, plan Tikal.

(Merde de chiotte, une mission à perpète, c’était pas le moment bordel. Pas que ça à foutre. C’est qui le gars, d’ailleurs ? Jamais entendu parler.)

– [Objet de l’assignation ; profil du sujet]

– Chasse & capture, vif, interrogatoire préliminaire sur place & escorte jusqu’au Cube Central pour interrogatoire profond ; artiste revendiqué (cinématographe), assassin de six cents personnes lors de la première de son premier long métrage, recherché pour meurtre de masse avec préméditation, association de malfaiteurs, faux et usage de faux, trafic d’organes, milice illégale, contrefaçon d’œuvres d’art, proxénétisme.

(Un charmant bambin : tout ça à moins de 33 ans, une partie de plaisir.)

(Ceci dit, quelqu’un sur Tikal peut me rancarder sur Messie – d’une pierre deux coups.)

– [Chrome, agent WIH, matricule FXHD-16674 ; mission acceptée]

– Bien sûr ; passage à l’armurerie obligatoire ; bon voyage.

Chrome quitte la chaise, déconnecte ses liaisons neuronales, ces fins fils de fibre optique tressée, invisibles à l’œil mais innombrables dans la fumée de certains cigares bleus de Sinhef Zone1, se passe la main dans les cheveux, repasse la porte qui se reclôt derrière lui dans un crissement de lame qui s’aiguise, reprend des couloirs de pénombre, l’enfilement des corridors murmurants, la grande menterie des plans préconçus. Chrome dévisse dans les étages intérieurs, dans l’entonnoir vert émeraude, suit les lumières, les sigles, les logos. Chrome aboutit au bout de la pelote filaire, devant les grilles de l’armurerie.

La jaquette noire lustrée, peau d’orque ointe et brossée avec amour, l’Armurier tend la main dès lors que Chrome est entré. Celui-ci sort son tube d’acier de son étui sous le bras, le dépose dans la serre tendue, s’assied dans le fauteuil de dentiste, noir et mélange cuir/latex. L’Armurier soupèse l’âme du chaland, sourit en manière de liane de crocs et empoche à son tour l’antiquité. « On va vous proposer mieux que ça, mon trésor », dit-il dans un couinement métallique. « Reposez le bras ici, je vous pris – désignant un accoudoir muni de lanières – et, surtout, détendez-vous. Cela pourrait faire moins mal ainsi. »

Chrome transpire un aura de peur mais pose le bras au lieu idoine. Les liens se referment d’eux-mêmes et claquent le long de la veine, d’autres invus s’enroulent autour de son torse et de ses cuisses, des seringues déboulent des doublures du rembourrage et injectent un maximum de scopolamine néo-synthétisée dans son système nerveux et ventriculaire, tandis qu’un fil de nano-diamant s’enfonce dans la veine de son bras droit, remonte les transports artériels et jusqu’au cœur où il sectionne les liaisons entre l’Est et l’Ouest, le Nord, le Sud et l’Extrême-Centre pour les remplacer par lui-même.

L’Armurier s’approche, sourit à nouveau mais au rictus de Chrome cette fois, coupe le fil du bout des doigts et fait un joli nœud.

« Pas d’inquiétude, mon précieux, tout ce qui dépasse se désagrège en quelques minutes à l’air libre. »

023. Vision De Liz : Partage Des Hémisphères

Posted in mutilation, operation chirurgicale with tags on mars 23, 2009 by 1000morts

Liz-la-Poisse, à trois ans défenestre son chien et son chat, découpés en deux et remontés l’un avec l’autre moitié de l’autre, explosés en bas des quatorze étages, personne n’a vu les coutures.

Mauvais karma.

022. L’Œil Est Dans La Tombe

Posted in mutilation with tags , , on mars 22, 2009 by 1000morts

Il entre dans le Cube Central. La porte coulisse, sas, changement de peau. Chrome enfile la combinaison noire, les lunettes fumées, et pénètre plus avant dans l’ »oracle.

Les couloirs sentent mauvais, du soufre, des remugles peu appétissants, la couleur d’un jaune pisseux domine derrière les lunettes, il a un goût de métal dans la bouche, grand angle : les couloirs se superposent, un mouvement engendre l’autre, visions qui se poursuivent, des lignes blanches, des lignes noires, l’expérience de l’eau hors du temps. Chrome avance bifurque, reconnaît des passages, des croisements, emprunte des raccourcis, des coupe-gorge, une porte qui se trouvait à droite s’ouvre désormais à gauche, un plafond se mute en plancher, Chrome avance-t-il ? Il lui semble bien.

Escamoté dans la moiteur d’une doublure châtain, Chrome s’étire dans le labyrinthe. S’ébroue la silhouette dans des enchâssements de portes et de tubulures douloureuses. Chrome parvient au bout du chemin, devant la grande palissade munie d’un écran fêlé et d’un orifice en son centre. A côté, par terre, une bassine qui sent le pus et la salicorne. Il avance la main, farfouille un moment et, trouvant le meilleur morceau pour lui-même, remonte la main et lâche, dans le trou en forme de cône, un œil dégoulinant de conservateur. Des cristaux de collagène sont encore accrochés au nerf optique qui glisse un moment sur la paroi interne du cône avant de disparaître, laissant derrière une légère traînée de bave sanguine.

La paroi s’estompe. Chrome avance vers une lueur ténue au fond de ce qui paraître être une pièce aux proportions gigantesques. Dans la lumière : une chaise, devant un autre écran. Un clavier intégré sous l’écran. Chrome s’installe, tape quelques mots pour voir. L’écran s’illumine, les couleurs clignotent sans ordre apparent.

Chrome est prêt à recevoir ses ordres.