« Je sais que tu m’entends, je sais ce que tu es. Tu es le plafond de verre au-dessus de cette ville fausse, le confluent des fleuves sous terre, les bissectrices et les ordonnées, les noeuds telluriques, les angles obtus, pointes et concavités. Tu m’obéis en sachant qui je suis, L’Une Des Trois, L’Une Des Trois. Je suis survivance. Tes yeux de pierres voient le monde à leur semblance ; ainsi entendent tes oreilles. Le monde est lourd sous tes paumes appuyées ; son goût est celui du galet mouillé de salive, son odeur celle du moellon qui éclate percé par l’incendie. Je suis vision, oeil de chat émeraude, racines les plus anciennes. Tu es à moi », soupire-t-elle l’index pointé vers Glass, et depuis son banc opposé, chantonne doucement. Des ultrafréquences qui caressent sa peau de statue. Les yeux clos, les lèvres à peine mobiles, Euryale est un automate noir à six pattes recroquevillé dans la position du dross. De caresse, son chant se fait morsure. Laisse des sillons de griffures. Et craquèle comme une pellicule de calcaire la seconde peau de Tim S. Glass.
Archive pour euryale
272. Le Syndrome D’Euryale IV
Posted in calcification with tags euryale, glass on novembre 26, 2009 by 1000morts259. Le Syndrome D’Euryale III
Posted in disparition with tags euryale, glass on novembre 13, 2009 by 1000mortsLa statue d’un homme assis sur un banc de pierre, en trompe-l’oeil, à côté de laquelle on peut s’asseoir pour la photo-souvenir, on ignore s’il s’agit d’une de ces stupides statues humaines ou d’un bloc de grès sculpté par un hasard tourbillonnant et abrasif, et peu importe le flacon, Glass attend son ivresse dans une descente, ses battements de coeur s’estompent dans les profondeurs, les strates, et quelque part dans sa grotte de Tikal interne, Glass est là, et chante, comme un dieu oublié, sa mélopée du renoncement.
257. Vision D’Euryale : Et C’Est Toujours La Mère
Posted in poison with tags euryale on novembre 11, 2009 by 1000mortsSa chevelure d’eau à laquelle pendent des grelots, et des sifflements lorsqu’elle l’agite dans le vent qui ne souffle que sur elle, répand le cyanure quand elle-même s’est mithridatisée contre ses propres crochets.
253. Le Syndrome D’Euryale II
Posted in sexe with tags euryale, glass on novembre 7, 2009 by 1000mortsGlass nourrit des soupçons. Son éducation chez les jésuites n’a pas laissé de traces que sur sa peau de Rouquin. L’homme a des lettres, et sa passion pour les coucheries gréco-romaines lui sert aujourd’hui à autre chose qu’à emballer des ‘premières années’ naïfs. Il y a une dimension, une facette à ce regard qui le paralyse. Il n’y lit pas de perversion morale – plutôt une absence totale de morale ; pas plus de de perversion intellectuelle : seul l’animal s’ébroue au fond de cette double rétine sauvage. Perversion sexuelle : ses souvenirs tiltent comme un flipper en extase. Elle est soeur des aveugles à l’oeil unique, des nombreux monstres de l’eau ; soeur des fleuves de serpents, des scènes de baise sur l’autel, du courroux et de la lie. Elle lui fait face, plongée dans l’ombre chaude d’un cyprès. Dans ce parc où nul passant ne semble vouloir prendre pied. Ce parc trop sombre qui paraît refermé sur lui-même, comme d’une façade creuse à l’abri des mutations. « Tu es à moi, entend-il. Et tu le sais. »
251. Le Syndrome D’Euryale I
Posted in calcification with tags euryale, glass on novembre 5, 2009 by 1000mortsGlass sort de l’immeuble pour se jeter dans la foule comme une épaule démise. Il mâchonne les mots qu’il avale et régurgite, ça lui laisse un sale goût de bile au fond de la gorge. Il se sent d’humeur chiroptère, les passants sont fontaine de sang, pistils gorgés, il doit s’asseoir quelque part, avise un parc caché derrière une antique porte de pierre blanche et s’assied sur l’unique banc libre de deux.
Glass transpire terriblement, malgré le froid, la neige. Il a son propre soleil de honte prêt à carboniser la Terre.
Perdu dans ses pensées, celles soufflées par le fantôme de la fille en noir, il sent une pression sur son crâne baissé. Des doigts manipulent son lobe frontal. Un moiré frange-pie se pose sur son genou. Il relève la tête et capte un double faisceau braqué sur lui, deux iris d’émeraude qui le fixent avec la vulgarité d’une plante carnivore, et le clouent sur place. Son sang se solidifie. Ses muscles deviennent de l’os.
Glass est pris au piège.