Archive for the demembrement Category

528. Larmes Coagulées Sur Visage De Régolite : Chute 5/2

Posted in demembrement, effondrement, noyade with tags , on janvier 16, 2020 by 1000morts

Le froid pénètre.

Tout entre en elle.

L’écartèlement du goût sur sa langue.

Vraie à elle-même. Le sel et sa lagune.

Toute sa vie comme un poids qui l’entraîne vers le fond.

Portée par les oiseaux brillants, elle picore les miettes de limon. Fait face à la solitude.

Laisse entrer l’eau. Laisse tout entrer. Muette aux cris des confins.

On échange les apparences des années plus tôt.

Nos formes mouvantes dans le courant. L’importance de ce qui n’en a pas.

Elle boit l’alcool sur sa langue. Écoute les voix qui se bousculent.

Vit pour les autres.

Respire pour les autres. Et c’est un air différent qui s’injecte dans ses poumons. Ici elle est seule.

Le manque d’oxygène coagule des larmes à ses yeux. Ce manque est en elle.

Elle n’est que creux.

Ses poumons s’effondrent sur eux-mêmes. Visage de régolite. Plis amers de la bouche. Grève, jetée, plusieurs pas au-dessus des flots.

Sa barque est d’os. Elle piétine l’embarcadère et jette son poids.

Noie ses étrangetés. Avale les secousses. Laisse le monde saigner à mort.

Frappe le bois du creux des doigts.

Hoquetant dans les remous.

Sac de toile.

Secouée d’inondations.

Lentement vers le bas.

507. Chrome Au Palier D’Où Le Soleil S’Effondre : Cercle Sept

Posted in demembrement, sacrifice with tags on décembre 26, 2019 by 1000morts

D’ici il voit les recettes secrètes, le hall de nuit où le soleil s’effondre, les marches où les enfants mordus s’extirpent des crocs du soir, les buffets du gel où des poissons viennent frayer et mourir, frayer et mourir, frayer dans le permafrost et compter les ailerons subdivisés dans les océans de travellings compensés.

D’ici il entend les échos sur sa peau, réverbérer les chocs utérins, les reflets sonores de la grande verrière. Les enfants s’endorment derrière les portes-fenêtres. Rideaux rouges. Rideaux rouges. Rideaux rouges cachent des sentiers dérobés et des univers à rebours.

D’ici il monte aux caves, aux infiltrations souterraines, aux inflexions dans les muscles de terre, aux fibres médusées. Il grimpe dans les strates de l’extrême-centre.

D’ici il peut voir la mousson dévaster les sous-sols d’un ciel noir d’où descend le feu.

Chrome d’ici comme alliage incertain, sa maigreur laide au visage du néant, s’arrête un instant sur ce palier d’où l’on aperçoit des autels et des créatures abaissées.

Ses êtres aux yeux d’écartèlement, aux bouches des grandes profondeurs, sous la pyramide de branchages et de parois successives, sentent d’ici l’arrivée du Messie aux phéromones d’étincelles.

Chrome, écran noir et blanc, diffracté sur son écran d’étages, étend les bras, effleure la rampe de bois sombre et le mur d’amande claire, le fauteuil égaré contre la porte-fenêtre, le congélateur où attendent les âmes-poissons, et sent la vie s’amoindrir. S’étirer jusqu’à passer dans son éteignoir intérieur. Brusquer les lattes de bois sous le tapis. Craquer les allumettes l’une après l’autre, mouvement lent du soufre qui embrasse la ténèbre interne, promesse pardon et négociation.

Chrome debout sur le palier, mesure la sauge et l’ancolie.

493. Chrome Aux Chants Irradiés D’Aurore

Posted in demembrement, poison with tags on décembre 12, 2019 by 1000morts

Sous les regards d’œil unique, Chrome sur la seconde marche.

Ils sont loin, ces escaliers de métal menant aux légendes de l’ordure.

Ces animaux à têtes. Cette porte qui ressemble à de la viande.

S’anime devant lui comme une veine au garrot.

Il sent les piqûres sur sa langue. Ses muqueuses en répulsion.

Chrome sécrète son antipoison dans une arrière-chambre du palais.

Et la main tendue, son costume comme une mue par-dessus la mue, comme un salut vers les anéantissements à rebours, vers le vent inverse des grands champs de pavots, des territoires qui penchent, des boissons désaxées dans la bouche, des morceaux de verre dans la nourriture, il sent les vibrations du prédateur qui calcule. Des plumes qui s’ébrouent dans l’air froid de la nuit. Et des chants irradiés de l’aurore qui recousent les scarifications au petit bonheur la chance.

468. Les Yeux Jusqu’Au Sang Dans Les Pièces Du Sommeil : Sous L’Angle De La Maison-Sorcière VII

Posted in demembrement, suicide with tags , on novembre 17, 2019 by 1000morts

Et quand les battements s’accélèrent, passage-éclair dans les mouroirs de la viande, jusqu’aux lieux où tout s’éteint.

Ici, deux fauteuils, un canapé, vitrine d’objets divers, et dans l’angle quelque chose qu’on ne distingue pas. Vue sur le jardin. Les pendus, le sentier où l’on court, les chiens s’accumulent, déchirent des gorges, les enfants courent vers les kiosques de la perpétuation. Et pourquoi, demandent-ils. Pourquoi faudrait-il toujours tout recommencer ?

Il y a quelque chose dans la ponctuation, répond-elle. Quelque chose qui me pousse à continuer.

Les mots qui changent. Les mutations. Tout cela n’est pas grave, ici tout est possible, les hommes qui se jettent des murs, ceux qui se tirent une balle, écrasent des serpents, jouxtent les mausolées mais pas encore, juste les clichés d’un passé d’ailleurs.

Écriture liquide.

Fleuve du poison.

Joute électrique des informations qu’on refuse.

Ici on dort, on fait des cauchemars, on oublie qu’on existe, on vit une autre vie, on lie d’autres liens, on noue des nœuds dans une existence de mouchoir.

Et à l’autre bout de l’ossuaire, les photographies des origines. La dévastation d’un passé potentiel.

Ici on termine ce qu’on n’a jamais commencé. Et l’on se frotte les yeux jusqu’au sang.

466. L’Aurore Pointe Aux Barbelés Des Délations : Double Abîme Scalpel Éternel VI

Posted in demembrement, operation chirurgicale with tags on novembre 15, 2019 by 1000morts

Et voici la femme obscure, chassée aux cheveux par les ondes maniaques, celle de la danse du fleuve sur lui-même, autour d’un centre qui ne cesse de mouvoir.

Déplacement des horizons. Lui le doigt sur les lèvres, offertes au bruit du monde, quelque chose qui bouge gravé dans la terre, à des milliers de kilomètres-seconde, l’avenir des recherches, et sa cliente qui est aussi l’objet de la quête ; Tim S. Glass fouraille dans les arrière-cours, les espaces clos de briques, sans fenêtres de respiration. La musique des recommencements.

Son cri s’affale sur le sofa défoncé. La pièce où d’autres se roulent des pelles, les triangles amoncelés dans un coin, révolution des garçons sauvages, clips en tremblements sur le téléviseur dans un autre coin, MTV, groupes d’un morceau, cousus par la guerre, violons en vrille, nation mutation, émission sous couvert de résistance, quelque chose comme le besoin d’exister, l’influx, pas de raison d’être, savoir qu’il faut y mettre fin, et ce, le plus tôt possible.

Trop tard. Déjà les doigts sur les lèvres. Et d’ores l’aurore qui pointe aux barbelés des dénonciations, Tim Glass enquêteur cut-up ne cherche plus que les épanchements et les désassemblages du réel.

459. Voyage Au Cœur De La Colline Intérieure : Sous L’Angle De La Maison-Sorcière IV

Posted in demembrement, fantôme with tags , on novembre 8, 2019 by 1000morts

Après elle, l’espace où tout finit. Monte-charge vers l’infini des enfants désossés, boire le verre au plus vite, cet état où le bois verni disparaît dans son ouverture, plateau articulé, corps qui se momifient dans la certitude, des raccourcis plein la bile, danse des cheveux dans un siphon de musique, ici les hommes se tordent en nuée, ici les femmes changent de nom, et d’ores c’est les carreaux qui déchirent la structure d’un étage en raz-de-marée, et déjà la musique estropiée des généalogies coagule sur une faïence amère. Ici apparaissent les contradictions qui étirent le sourire. Ci-gît l’attente aux cheveux gris. Images qui se tordent sur elles-mêmes, souvenirs d’une carrière gâchée, planisphère des familles du fer de la cordite et du calcaire. Odeur de quelque chose qui ressemble à un viol. Ici dans le carré des pierres arrachées aux bras des hommes, servitude volontaire d’un système perdu, pendu à ses lèvres, à elle qui hante les couloirs d’artères, son fantôme immense, ses yeux à la fenêtre qui n’existe pas, et toute une enfance gâchée dans un carré d’un mètre de côté. La fenêtre de bois. Montée écarlate vers des espaces, incertain, l’échappée aux chiens à crocs, pas ici au-delà de la porte et sur l’escalier des trouées dans la jambe, mais ici, au mètre carré, quelque chose comme l’écho des passages, savoir que tout le monde s’y retrouve, et que l’organisme général plonge ses racines dans la terre marneuse d’une colline intérieure.

451. Comme Incantation Des Terres Qui Dégorgent : Contemplation de L’Ombre Déchiquetante V

Posted in demembrement with tags on octobre 31, 2019 by 1000morts

Au paradis des pièces de couleur successives, les accords de la chance, sa mécanique intérieure prend des ratés pour des traits de génie. Rossetti ses battements de cœur intermittents, la tyrannie des mariages invoulus. Long métrage douloureux projeté sur grand écran, le grain des chairs en gros plan, chaque regard vissé à sa veine, lui ténu debout devant la foule, attaché au premier rang, des paires d’yeux braqués comme flingues sur sa tempe, tous ces gens essoufflés, la toile derrière lui palpitante d’images d’alcool, de lumières atrophiées, de scènes où des filles acceptent tout, où tout part d’un meurtre rituel, des messages au mur, viande grillée, où tout part d’une disparition et d’un retour.

L’agenda caché d’un homme aux tatouages mal placés.

Ses sceaux sur la peau ne veulent rien dire. Répétition du vide. Cage d’escalier qui aspire. Poumons se gonflent. J’entends les chants du vide, il pense. C’est pourquoi je suis ici, dans l’escalier à moitié descendu, quatre ou six ou huit marches vers le cocon, puis un garde-fou, puis le tout-venant.

Rossetti, projetée sur sa peau l’encre de son âme, son algèbre des descentes aux cercles, le jeu des anneaux sur bras tendus, triomphe de l’écartelé, et ici, sous ce ciel tatoué, des nuages faux et l’odeur du porc grillé, ici sur la femme qui enfle et la terre qui dégorge, ici Rossetti étend les bras et accueille en son sein, comme des mouches aux flammes, l’incantation des cordes qui claquent et des visions brisées.

419. Vision De Chrome En Nouvelle Chair

Posted in demembrement with tags on novembre 1, 2011 by 1000morts

Déclic. Il sent la serrure derrière sa peau. Sa clé en main, la forme du couteau. Menace de l’ouverture, mais il lui faut passer.

Au prix des déchirures, syndrome de Münchhausen des crocheteurs du vivant.

416. Contemplation De L’Ombre Déchiquetante I

Posted in demembrement, meurtre with tags , on octobre 25, 2011 by 1000morts

Acte 1, Rossetti debout sur la scène, toutes lumières braquées sur lui, la poursuite obsédante, aveuglé, Rossetti se protège les yeux de ses mains et attend que la rétine s’habitue, se focalise à nouveau sur Ce Qui Est En Face : scène de meurtres, lieu du massacre, étal de boucherie, et cette ombre magnifique, son jais jaillissant en lames courbes, vivantes, un tourbillon déchiquetant, Rossetti en perd son alphabet du shéol pendant quelques instants, quelques instants seulement.

401. Les Mille Plaies de Lodger Visitées Par Une Armée D’Incrédules

Posted in demembrement with tags on janvier 14, 2011 by 1000morts

Rien n’indique qu’ils n’aient pas survécu. Leur ombre, pourtant, est ici, dans le shéol. L’Antichambre Des Disparitions.

Des mantes religieuses géantes, il sent les raclements de l’autre côté de la porte.

Des léviathans ressuscités. Des moustiques de la taille d’un faucon, aimantés par sa luminosité intérieure.

Lodger n’est pas en sécurité dans sa chambre. Les autres ont revécu leurs traumas en boucle, n’y croient pas et refont le parcours, reviennent sur leurs pas et recommencent, rebroussent chemin et contre-vérifiient. Lodger est piétiné par leur incrédulité, pendant que les insectes prennent le pouvoir et assèchent l’univers au niveau subatomique, transformant les terres fertiles du Ponant en déserts de rocailles, et tout en souvenir, tout en souvenir.