Nile a douze ans. Une moitié de la surface de son corps a froid, sur la peau de terre qui dégorge ; l’autre cuit sous le soleil et la cuvette renversée. Nile sent les trilles sortir des becs, les langues râpeuses clarifier les pattes griffues, les guets et les insouciances dues à la faim, les feuilles qui se poussent et gagnent leurs gorgées de sommeil. Nile est heureux pour la dernière fois de sa vie. Tout le reste ne sera que descente.
Archive pour mai, 2009
092. Dernier Espoir, Dernière Gorgée De Sommeil
Posted in mort naturelle with tags rossetti on mai 31, 2009 by 1000morts091. Les 4 Années Du Château D’O
Posted in mort naturelle with tags liz, messaline on mai 30, 2009 by 1000mortsQuatre années recluse, l’autre incarnation de Liz, à laquelle Liz elle-même fait face dans ses rêves. Réseau, artistocratie, argent, tout lui épargne la mort violente. Mais elle en paie le prix de l’ennui, qui la tue plus sûrement qu’une armée sur la glace qui se brise.
090. La Multitude Dans Le Chas
Posted in meurtre with tags core motel, rossetti on mai 29, 2009 by 1000mortsNile plonge les mains dans la cage thoracique. Et c’est une transfiguration cinématographique qui s’opère. « Tout ça opère comme la magie blanche », murmure-t-il en se plaquant les paumes rougies sur le visage. « Une horreur qui opère dans les deux sens. » La lourdeur fait plier son bassin vers l’avant, « les gros poissons nagent tout au fond » pense-t-il, et c’est la Grande Torpeur qui lui vrille l’estomac et gonfle son sexe qui décharge le silicate fondu sur la masse et les reliefs.
Nile plonge au cœur de la mêlée et de l’hémodialyse, et c’est la multitude qui se contraint dans le chas d’une aiguille.
089. Vision De Chrome : Le Réceptacle A Ultrahertz
Posted in torture with tags chrome, core motel, rossetti on mai 28, 2009 by 1000mortsCette tension dans les fréquences de l’incendie, les ultrahertz spéciaux entamés par les agents du Bureau en pleine consumation proto-mortem. Chrome reçoit en pleine gueule la desquamation en provenance directe de la chambre voisine de Nile.
088. Sur La Table Du Négoce
Posted in decorporation with tags liz, lodger on mai 27, 2009 by 1000morts– Alors ?
– Alors quoi ?
– Ne soyez pas stupide : qu’avez-vous vu ?
– Je n’ai fait que ressentir. Je n’ai rien vu. Je n’ai rien fait, que poser mes mains sur vous, Madame.
– Et vos chemins, où vous ont-ils menés ?
– Vos chemins à vous m’ont conduit en des lieux de soufre et d’acier durci. Vous ne désirez pas savoir ce que je peux vous apprendre. N’est-ce pas ?
Liz rajuste son châle autour de sa tête. « On ne peut rien vous cacher.
– Non. Pas vraiment, en effet.
Lodger plonge ses mains dans le graal d’eau glacée, tout en penchant légèrement la tête en arrière, réflexe de l’aveugle qui capte au radar les mouvements d’air et les différences de pression artérielle. Dessinant ainsi une carte géographique des corps et des arêtes mouvantes. « Mais que cherchiez-vous donc, au point d’en payer le prix exorbitant que nous exigeons ?
Liz sourit, d’un carnasse qui donne le frisson au chef de clan, ses propres mains se raidissent sur le voile, accusant son âge, ses rituels, ses amulettes, toute sa sainte tumescence et son élixir du négoce.
– C’est vous que je cherchais. Car il est l’heure de dire « oui » aux cartes que l’on abat et aux dés pipés qui sont jetés.
C’est alors que Lodger prend conscience du corps resté couché sur la table devant lui.
086. La Grenouille De Tesla (2/2)
Posted in possession with tags messaline on mai 25, 2009 by 1000mortsTénèbre Totale. Des filaments s’extraient de la bouche d’un convive, brillants ils éclairent blafards le mur du fond, où l’on ne voit plus déjà Messaline, mais sa silhouette suspendue dans l’éther, elle a quatre bras et quatre jambes et une chevelure d’ogresse. Ses yeux sont deux pinces, deux crocs, dégouttants de venin. Messie parle de sa voix des sphères, des récits de guerre totale, de démangeaisons, de peau fluorescente, de libre commerce. De bonnes affaires.
Messaline est la métaphore du silence qui se cache dans les parasites des radios hors d’usage.
085. Une Nuit Comme Les Autres Au Core Motel
Posted in meurtre with tags core motel, rossetti on mai 24, 2009 by 1000mortsExplosion, la vitre sans tain se répand en cosmologies tranchantes de l’autre côté, dans le même fil de verre Nile déboule comme un loup-garou dentelé, toutes griffes dehors, sa seconde peau hérissée comme du barbelé, tombe sur l’agent de surveillance, lui lacère minutieusement le visage et les mains, déchire son bel uniforme, déchiquète ses yeux et ses organes génitaux. Haletant, Rossetti se courbe sur le corps rouquin, sa main droite tremblote, son majeur se dresse, rétrécit, s’allonge, tel Stark le cinéaste ophite ondule en serpent, insère son doigt dans l’urètre du G-Man, remonte les canaux, pénètre les parois, du corps brut jusqu’au coeur où il sépare les bandes-son et -image, cette ténue liaison qui faisait du cadavre sous lui un objet en mouvement.
084. La Grenouille De Tesla (1/2)
Posted in possession with tags messaline on mai 23, 2009 by 1000morts– Regardez-la. Un rien la déshabille.
Messaline Elssler, enchaînée à la dernière porte, pousse son dernier soupir. On en voit l’os.
– Faut-il la détacher ?
– Je n’en ferais rien, à votre place, mon cher. On ne sait jamais de quoi sont capables ces chiennes.
– Et vous, qu’en pensez-vous, mon ange ?
– Tisonnons-la encore un peu, on verra bien…
Sa peau fléchit, se courbe, subit la poussée et l’odeur du grésillement. Mais Messaline est déjà de l’autre côté qu’ils n’en savent encore rien. Ils n’ont que son corps – l’un de ses corps – pour assouvir leur besoin vital de triturer leurs affligeances.
– Regardez-la. Elle bouge une paupière.
– Je crains que ce ne soit que la dernière valse de la grenouille de Monsieur Tesla, très cher.
– Eteignez la lumière, je pense pouvoir en tirer encore quelque chose…
083. Fusion Des 3 Hommes
Posted in meurtre with tags lodger, marcheurs d'enfer on mai 22, 2009 by 1000mortsDans sa loge, le chef des Marcheurs attend paisiblement. Fusion d’au moins trois hommes, Lodger se fait patience, ses paupières scellées, ses mains qui bougent continuellement, les micro-mouvements perpétuels, sa secte d’assassins, ses instruments de musique, une romance sur trois jambes : attaque, réaction, confusion. Lodger ne parle plus guère : ses mains parlent pour lui. Avancer, se replier, le masque retombe avant de succomber.