Archive pour core motel

110. A L’Endroit Du Dieu-Ver Rassasié

Posted in devoration with tags , , on juin 18, 2009 by 1000morts

Où est Nile ? Le ver a creusé son propre trou à travers les parois de cigarette des Plans. Tout ce qu’il voit, repu, ce sont des collines de sable et des rochers en forme de géants au repos. Le visage pris dans la dernière hystérie. Des humains d’avant la Lune, le Soleil et toute la cosmogonie délirante des vendeurs de dieux.

Mi-humain mi-mugwump, Rossetti se repasse, dans son cinéma crânien, la scène qui alimentera son prochain métrage. Ce jeune garçon, schloppé dans la chambre du Core Motel, avec l’agent embusqué qui capte toutes les fréquences émanées de lui. Les os craquent, la peau claque, les yeux éclatent : Nile en son repas ne fait pas dans la dentelle. Et le voilà dans un nouveau monde, où personne ne connaît Nile Rossetti, et tout le monde ignore ce dont il est vraiment capable derrière son sourire d’ange charmeur e sous ses doigts de fée électrique.

Publicité

090. La Multitude Dans Le Chas

Posted in meurtre with tags , on mai 29, 2009 by 1000morts

Nile plonge les mains dans la cage thoracique. Et c’est une transfiguration cinématographique qui s’opère. « Tout ça opère comme la magie blanche », murmure-t-il en se plaquant les paumes rougies sur le visage. « Une horreur qui opère dans les deux sens. » La lourdeur fait plier son bassin vers l’avant, « les gros poissons nagent tout au fond » pense-t-il, et c’est la Grande Torpeur qui lui vrille l’estomac et gonfle son sexe qui décharge le silicate fondu sur la masse et les reliefs.

Nile plonge au cœur de la mêlée et de l’hémodialyse, et c’est la multitude qui se contraint dans le chas d’une aiguille.

089. Vision De Chrome : Le Réceptacle A Ultrahertz

Posted in torture with tags , , on mai 28, 2009 by 1000morts

Cette tension dans les fréquences de l’incendie, les ultrahertz spéciaux entamés par les agents du Bureau en pleine consumation proto-mortem. Chrome reçoit en pleine gueule la desquamation en provenance directe de la chambre voisine de Nile.

085. Une Nuit Comme Les Autres Au Core Motel

Posted in meurtre with tags , on mai 24, 2009 by 1000morts

Explosion, la vitre sans tain se répand en cosmologies tranchantes de l’autre côté, dans le même fil de verre Nile déboule comme un loup-garou dentelé, toutes griffes dehors, sa seconde peau hérissée comme du barbelé, tombe sur l’agent de surveillance, lui lacère minutieusement le visage et les mains, déchire son bel uniforme, déchiquète ses yeux et ses organes génitaux. Haletant, Rossetti se courbe sur le corps rouquin, sa main droite tremblote, son majeur se dresse, rétrécit, s’allonge, tel Stark le cinéaste ophite ondule en serpent, insère son doigt dans l’urètre du G-Man, remonte les canaux, pénètre les parois, du corps brut jusqu’au coeur où il sépare les bandes-son et -image, cette ténue liaison qui faisait du cadavre sous lui un objet en mouvement.

077. Les Confins De L’Etain

Posted in meurtre with tags , on mai 16, 2009 by 1000morts

Dans la chambre du Core Motel, les miroirs sont tournés vers les murs. Sauf un. Nile se sèche les cheveux avec une serviette, son visage disparaît, son regard s’aiguise, ses babines s’écartent, ses crocs s’entrechoquent, et dans le flash où explose l’ampoule du plafonnier se révèle, en toute son incandescence d’obscurité encadrée dans la glace sans tain, la planque que Nile s’apprête à transformer en Maison Des Nouveaux Morts.

074. Nihil Omnium Est

Posted in torture with tags , on mai 13, 2009 by 1000morts

Dans la chambre du Core Motel, nulle trace de la bailleuse de chair. Pas un caillot. Nile sifflote dans la douche, pianote sur le côté du pommeau, les yeux fermés, la bouche masquée dans un rictus de bonheur pur. Son estomac ne réclame plus d’alcool, ses veines n’appellent pas le garrot ni le dard, ses mains ne tremblent pour le moment pas. Nile est Nile, papier buvard, paroi vibratile – « Il prend son pied, arbore un sourire et c’est tout le monde qui s’enfuit », dira l’un de ses anciens amis, Le Manchot, sous la pression de l’interrogatoire. La Question, forme ultime du roman policier, se dit Nile qui esquisse, dans une courbe négociée par sa main droite dans l’espace, un projet déjà avorté de nouveau long métrage. Une histoire de sadomasochisme, de torture à l’antique, avec un Néron vampirique, de guillotine doublée cuir et de vierges de fer que peuplent les fées dépecées.

043. Où L’On Entend Chrome Invoquer Ses Origines Reptiles

Posted in operation chirurgicale with tags , , on avril 12, 2009 by 1000morts

Tout se joue sur un jukebox numérique, derrière le bruit des grilles d’un ascenseur qui se referment et projettent leur clarté entrecoupée sur le mur blanchi à la chaux. Tout se joue là, se dit Chrome, la main droite appuyée sur le côté de la machine, l’autre dans la poche intérieure droite de sa veste noire. Tout se joue là, tout au fond, se dit Chrome, derrière le bruit de la voiture qui s’arrête dans le parking du Core Motel, et dont les phares projettent sur le mur plongé dans l’obscurité de l’accueil des jets chauds.

Chrome sort sa main gauche de sa veste et l’appuie sur son front, laisse la capillarité de sa paume aspirer la sueur chaude, ses paupières se referment, sa vie intérieure est un dieu qui chante sur une certaine fréquence. Tout se joue là, dans la chiasse, dans un no man’s land gerbant, dans la parfaite sanieuse purée de foutre de ce motel émétique, se dit Chrome qui escamote de sa manche droite dans sa paume gauche une lame courte et recourbée – Chrome se penche, l’ascenseur descend, les phares s’éteignent, le Core Motel va bien sortir de son sommeil paradoxal et pour que l’effet tranche dans la chair du silence, Chrome sectionne le câble ombilical du jukebox à la base de la pire se courant.

Tout se joue là, dans la tête de Nile, dans son reflet sur une glace sans tain, dans la terrible marque qu’il a à la base de la nuque, se dit Chrome. Dont la voix intérieure a le sifflement saurien d’un ongle sur l’ardoise de sa nuit éternelle.

031. Back To The Core Motel

Posted in meurtre with tags , on mars 31, 2009 by 1000morts

La Stude se glisse en douceur sur la place de parking, pile devant l’escalier qui mène à la chambre. C’était le genre de motel sur un rez-de-chaussée et un étage, tout en longueur, en forme de L avec vue sur un ravin en manière de vallée de la mort. Sa chambre: la 312. Vraiment étrange, car les numéros semblaient au hasard, et les clés qui ouvraient les portes étaient des anagrammes chiffrés : la sienne : la 213.

La Black descendit en s’écoulant du siège avant droit, elle avait accentué encore ses traits avec du khôl, ça lui faisait des orbites écarquillés et creusait les joues comme un crâne de fusain. Ses fringues, des alignements de lignes brisées, mouvantes dans l’épaisseur du soir, des jupes plissées à degrés en pyramide primitive, et ses sandales, des ballerines rose fané, un des rubans était encore correctement enroulé ; l’autre traînait derrière elle, son dernier lien au sol, tandis que sa grande cage de faraday du corps chaloupait vers la rampe d’escalier, un bras en avant pour guetter le bois, l’autre serrant un sac de bal contre sa poitrine exigue.

Nile s’abîmait dans sa contemplation. Les signes se multipliaient devant ses yeux en surimpression, il sentait sa transpiration grimper le long de l’échine jusqu’aux alcôves neuronales, Nile grattait machinalement les prodromes aux racines de ses cheveux, se pencha par la fenêtre restée ouverte, sortit le sac de papier brun qui commençait déjà à goutter poisseux et empocha les clés.

Ils montèrent l’escalier. La 31 était située juste avant l’angle du L. Une galerie en bois faisait tout le tour, il y avait même une sorte de passerelle coupée pour faire monter une chaise roulante… ou descendre un cercueil, pensa Nile, sentant l’égouttement empoisser sa chemise. Elle avait du mal, la pétasse, à grimper les quinze marches des trois volées d’escalier.

Arrivée devant la porte, face à l’est. La lune, presque éclipsée, griffait sa rétine. Il s’imaginait, sur un transat au bord de la mer de la Tranquillité, à la fraîche, et devant lui la projection géante de la Divine Comédie sur un grand disque bleu laiteux. La promesse d’une rétribution immédiate lui fit reprendre ses esprits, et il enfonça la clé dans la serrure.

– Chéri, je me sens pas bien, là… Je crois que je vais gerber… On peut pas retourner à la voiture ?

– Tu crois que se refaire une séance de montagnes russes arrangera ton état, salope?

– Me parle pas comme ça…

– Entre là-dedans et fais-toi toute petite, ma souris, si tu veux pas finir en boulette de dross.

Nile écrasa un moustique contre sa nuque et referma la porte derrière lui. Mais il n’alluma pas tout de suite.