– Alors ?
– Alors quoi ?
– Ne soyez pas stupide : qu’avez-vous vu ?
– Je n’ai fait que ressentir. Je n’ai rien vu. Je n’ai rien fait, que poser mes mains sur vous, Madame.
– Et vos chemins, où vous ont-ils menés ?
– Vos chemins à vous m’ont conduit en des lieux de soufre et d’acier durci. Vous ne désirez pas savoir ce que je peux vous apprendre. N’est-ce pas ?
Liz rajuste son châle autour de sa tête. « On ne peut rien vous cacher.
– Non. Pas vraiment, en effet.
Lodger plonge ses mains dans le graal d’eau glacée, tout en penchant légèrement la tête en arrière, réflexe de l’aveugle qui capte au radar les mouvements d’air et les différences de pression artérielle. Dessinant ainsi une carte géographique des corps et des arêtes mouvantes. « Mais que cherchiez-vous donc, au point d’en payer le prix exorbitant que nous exigeons ?
Liz sourit, d’un carnasse qui donne le frisson au chef de clan, ses propres mains se raidissent sur le voile, accusant son âge, ses rituels, ses amulettes, toute sa sainte tumescence et son élixir du négoce.
– C’est vous que je cherchais. Car il est l’heure de dire « oui » aux cartes que l’on abat et aux dés pipés qui sont jetés.
C’est alors que Lodger prend conscience du corps resté couché sur la table devant lui.