Archive for the fantôme Category

541. Liz Hantée De Faces Divisées : Retour 2/2

Posted in fantôme, guerre, noyade, suicide with tags , on janvier 29, 2020 by 1000morts

On l’entend sangloter dans sa camisole détrempée.

Plus d’attache, soupire-t-elle, plus d’attache.

Elle tombe au cœur. La seule chose qui la sauve, c’est que quelqu’un d’autre, un jour, soit tombé avant elle.

Ses pieds se posent sur du roc.

Une émeraude à l’échelle des montagnes.

Ce qu’on appelle « les bons moments », dit-elle. Comme un écran devant les flammes.

Et même s’il y a d’infimes variations ? Une roue est la chose la plus affreuse, dit-elle.

Elle écrase les oisons et ramène aux lieux du commencement. Les figures changent mais ce sont toujours des cartes. Et même là, les visages reviennent sans cesse. Liz hantée de faces divisées, de silhouettes au scalpel, son cœur de noirceur, sa lumière séparée, dilatée par les cristaux au cœur de la colline, sous ses pieds la lune, sous ses yeux les croissants violets, cheveux pris dans les flots, dansent dansent à la musique des radios dernières.

Elle prend ses doigts pour des soldats, dressés contre le soleil, dressés à mordre.

Piqûre de vif argent dans la rétine.

Elle se pend à son propre cou.

Ne raconte rien qui puisse être entendu.

Rien.

Elle manque de peu les étoiles d’épeire diadème.

Sa bouche affleure.

Tous ses pores noyés de sable, chaque entonnoir de fourmi-lion, Liz prend du poison, un livre jaune, cette vie qu’elle a faite pour elle-même, son corps défendant, sent le froid qui la gagne, les tremblements qui l’agitent, sent quelque chose et plus rien.

Sent son ventre qui s’agit et puis rien.

Fourmillement des vers.

Accentuation des araignées.

Le théâtre des simagrées. Créer du lien avec rien.

Ont-ils lu le mensonge dans mes yeux ?, se dit-elle, la bouche contre l’air, droite dans l’eau, pont du rocher au vent par-delà l’eau qui bout, propriété des furies, tailler les paumes, ouvrir les poignets, Liz envisage une sortie dans les bains d’eau brûlante.

Immergée dans son passage, elle inspire une dernière fois, avale le monde, tout son univers de brique et de pierre, de chaux et de ciment, de bois et de corde, de mécanismes déréglés et de vies foutues. Elle n’a plus de larme pour ça.

Elle n’a plus de larme.

Plonge la tête sous la ligne de flottaison.

Et serre la vie dans son poing jusqu’à ce qu’elle étouffe.

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514. Montée De Liz Aux Peaux Veinées De La Colline Intérieure : Charge 1/2

Posted in fantôme with tags , on janvier 2, 2020 by 1000morts

J’aimerais être un fantôme, dit-elle. Dans ces veines entaillées de bois sombre. Dans la couronne de roses sur son front. Et sur son épaule, une bifurcation.

Un croisement de regards murmurés dans l’obscurité.

Rester tranquille. Dans la quiétude d’un ordre. Le souffle de l’appartenance qui fait trembler les feuilles de cerisier.

Ici les enfants n’ont pas à se baisser pour les ramasser.

J’attrape tes yeux dans l’éclair de l’écho.

Cette voix qu’elle attend.

Ses mots suspendus comme des jardins où elle dévisse.

Elle aimerait être vôtre.

Sa forme blanche dans un verre d’eau. Montée aux boisseaux de douleur. Elle agite les bras et les jambes, dessine des chimères dans l’air du matin qui vient.

Mais dans les tunnels sous Byble, le soleil est une pierre autour du cou.

Sur le tranchant d’un matin qui ne vient pas.

Liz pose les paumes sur la peau verticale. Elle attrape les regards dans la chaleur de leurs yeux. La fiévreuse beauté doublée de hurlements. Son abîme dérisoire. Son autre abîme de fourrure charnue. Sa perte entre les ventres et les reventes. Les visages qui lui font face font leur marché ; entament la part qui leur revient ; du temps où l’ours était le lion, aux arènes où la mène sa mère d’intranquillité.

Elle monte aux bois qui recouvrent la colline de l’intérieur.

487. Chrome En Son Léthé D’Atrocités

Posted in fantôme with tags on décembre 6, 2019 by 1000morts

Ici fondent les fantômes.

L’obsession des constructions.

Le retour aux lieux qui n’existaient pas. Découvrir des histoires inracontées.

Le ciment qui tient toute cette poussière. Tendre la main vers le cachet.

Fixer l’œil immense.

Trembler avec la fleur.

Caché sous la toile. Où se projettent les longs métrages.

Corps penché sur la balustrade.

Son torse percé de fenêtres. Lumière allumée à tous les étages. Les longueurs d’onde. La haute tension des mannequins.

Porte entrouverte sur une main armée de crocs.

Dans l’armoire des vaisselles brisées, le torrent d’un son d’éclairs.

Dehors c’est loin, c’est du passé, la couleur foncée de l’ailleurs ; ici c’est maintenant.

Dès la grille, Chrome sentait les buissons d’échardes. Devant le perron, une pièce de monnaie dans la bouche, il se sent creux. Comme une barque échouée.

Manigance ses tatouages de chevelures.

La peau qui picote aux lieux des pliures.

Il resserre le nœud de sa cravate noire et pose le pied sur la première marche.

474. Incarnation Aux Carrelages Froids Des Chapelles Ardentes : Sous L’Angle De La Maison-Sorcière IX

Posted in fantôme, poison with tags , on novembre 23, 2019 by 1000morts

Rendez-vous dans le hall des spectres, que les marées n’envahissent pas.

Doigts ténus sur la corde. Meuble bas ; photos du passé collées sur des plaques de bois sensible.

Ici les morts s’exposent jusqu’à l’ivresse et l’oubli. Des corps décalés, bourrés jusqu’à la lie, traversent un Léthé d’antichambre. Toujours un temps de retard. Une voix qui contredit. Le froid d’une pièce d’hallali, où les boîtes ne reçoivent pas de couvercle, où l’on attend le signal du voyage.

On perd les noms. La chaleur. Ce n’est qu’un lieu de passages.

Les images du passé recousues à la va-vite.

Salle d’attente du grand vide, résonnant des chocs sourds entre le plancher et les caves. Labyrinthe de contresens. Atteindre le centre c’est s’exposer aux concentrations.

Ici on s’efface. Avec la lenteur des estampes.

Choc aux tympans.

Traduire la bible en grec. Avouer la vérité aux pages racornies, aux muscles de l’engourdissement, au poison des parchemins qui se tournent dans la bouche. Jardins cachés. Suspendus aux voiles du palais. Pois de senteur, chiens guetteurs tous crocs dehors, les créatures du diable des déchirures.

Bruit muscle atteinte aux énergies internes sous la nouvelle étoile.

Ici on passe à autre chose. Sur le carrelage froid bordé de bleu, les chapelles ardentes s’éteignent lentement dans la mémoire des membranes.

S’épuisent.

Lentement s’atténuent au verre des portes vitrées.

472. Regard Baissé Sur Les Hommes Sans Sourire : Sous L’Angle De La Maison-Sorcière VIII

Posted in fantôme, mutilation with tags , on novembre 21, 2019 by 1000morts

Ici le goût amer des nœuds gordiens.

Si chaque nation échoue, elles échoueront ici.

Statuettes d’électricité.

Meuble à dossiers, les générations d’hier gardées par des serrures d’étain. Des visages impassibles. Coups de couteau sur la surface du sous-main. Des chars solaires fixés sur le cuir et le bois des membres. Ici le bureau des harmonies et du chant loup-garou.

Qui peut dire qui se cache. Traduire la bible de la boue.

Au croisement des générations, hernie des sentes, vision-hexagone sur la ville en contrebas, en son marais de conjonctions.

Lumière tinte derrière l’horloge sans bruit.

Derrière le bureau un corps sec qui tourne sur lui-même.

Ampoule percutée.

Dessine des ombres mouvantes dans une pièce où rien ne bouge.

Les phalanges du désespoir se mettent en branle.

Aspirent les espoirs des générations successives.

Et cet homme, en sa nuit, trou noir de doigts manquants, mensonges des fusils braqués sur la tempe, la peur la peur, chemins retraversés dans les larmes, comprendre les drames lisses et les mains sans phalanges, murs baignés des traductions du désespoir, l’alignement de ses cachotteries dressées contre un mur sombre, lui spectre contre lui-même, hantise des retours, des retours, des retours, des retours, des retours.

462. Souvenir Du Poème En Noir : Sous L’Angle De La Maison-Sorcière V

Posted in calcification, fantôme, irradiation with tags , on novembre 11, 2019 by 1000morts

Ici la salle-à-manger du meurtre, ses deux portraits en surplomb, l’échange des sangs assemblés, l’ancêtre à la souvenance et l’autre qui calcifie sur sa chaise percée, l’organe a son absence d’os, lieu du chien et de la misère, cheminée sur du vide et bibliothèque qui s’escamote sur le mensonge, promesses sans merci, l’échappatoire des estropiées, un bureau près de la fenêtre par où l’on regarde la créature qui s’approche, le soir qui tombe, la grosseur derrière la mâchoire, ne plus tenir à rien quand les stores s’abaissent comme un train de marchandises. Et derrière les carreaux de verre, la contre-allée vers la falaise, le kiosque où se déclarent les flammes, les champs de moutons et les connexions siamoises, l’erreur et le doute et le troc du sang d’absence. Quand les visages se multiplient en un seul, ces deux portes dont une fausse ouvrent aux plaques de marbre et aux marteaux qui frappent la peau fine des tympans. Elle est miroir sur le manteau. Elle est buffet aux couteaux. Et sous le lustre qui fait pleuvoir la nuit, Liz accroche ses filaments d’hivers nucléaires aux démangeaisons du diable.

459. Voyage Au Cœur De La Colline Intérieure : Sous L’Angle De La Maison-Sorcière IV

Posted in demembrement, fantôme with tags , on novembre 8, 2019 by 1000morts

Après elle, l’espace où tout finit. Monte-charge vers l’infini des enfants désossés, boire le verre au plus vite, cet état où le bois verni disparaît dans son ouverture, plateau articulé, corps qui se momifient dans la certitude, des raccourcis plein la bile, danse des cheveux dans un siphon de musique, ici les hommes se tordent en nuée, ici les femmes changent de nom, et d’ores c’est les carreaux qui déchirent la structure d’un étage en raz-de-marée, et déjà la musique estropiée des généalogies coagule sur une faïence amère. Ici apparaissent les contradictions qui étirent le sourire. Ci-gît l’attente aux cheveux gris. Images qui se tordent sur elles-mêmes, souvenirs d’une carrière gâchée, planisphère des familles du fer de la cordite et du calcaire. Odeur de quelque chose qui ressemble à un viol. Ici dans le carré des pierres arrachées aux bras des hommes, servitude volontaire d’un système perdu, pendu à ses lèvres, à elle qui hante les couloirs d’artères, son fantôme immense, ses yeux à la fenêtre qui n’existe pas, et toute une enfance gâchée dans un carré d’un mètre de côté. La fenêtre de bois. Montée écarlate vers des espaces, incertain, l’échappée aux chiens à crocs, pas ici au-delà de la porte et sur l’escalier des trouées dans la jambe, mais ici, au mètre carré, quelque chose comme l’écho des passages, savoir que tout le monde s’y retrouve, et que l’organisme général plonge ses racines dans la terre marneuse d’une colline intérieure.

454. Où La Faïence Sonne Le Glas De Toutes Les Fins : Sous L’Angle De La Maison-Sorcière III

Posted in defenestration, fantôme, Uncategorized with tags , on novembre 3, 2019 by 1000morts

Vue des cuisines de l’intérieur.

Sous la peau des ongles, un placard aux ossatures, l’autre à l’évier et l’égout, les canalisations souterraines, tunnels vers les nouvelles créatures, jusqu’aux carrières de l’ombre et du schiste, la crayeuse clarté des cadavres. Tous esclaves du même visage. Figés dans la voussure des épaules, leurs bras comme prolongements des siens, leurs yeux ouverts sur son vide, leur souffle haletant dans sa bouche, leur sang pompé par son cœur de veines.

Deux hautes fenêtres sur le chemin des demi-tours.

Les carcasses du temps jadis. Ne plus savoir où était quoi. Tout tourne, le bois et le métal, la viande et les fragments de ceux qui portaient les pierres. Long ruban humain pétri par la boue et l’incandescence des défenestrations.

Cette pièce presque carrée. Encerclée de faïence. Carreaux bleus des cités bombardées.

Liz ne sent rien ici. Pas le parfum des vernis, bonnets de perles, plastrons de nacres, les armes météores, l’or et le bleu, les pommeau de roche, l’huile qui baigne et anéantit, elle ne sent rien. Ses mains ouvertes comme des antennes. Ses bras trop courts pour caresser les nuages.

Ses pieds trop ronds pour s’enfoncer jusqu’aux nouvelles créatures.

Et ressortir où l’on équarrit la pierre.

La vaisselle baignée de fantômes.

Cachettes de sucrerie. Mangeoire des enfants sans ouïes.

Premier niveau de l’enfer.

431. Messaline Elssler Comme Marée Mauvaise De La Nuit

Posted in devoration, fantôme with tags on juin 8, 2012 by 1000morts

Messie renaît à la semblance des maisons hantées.

La Créature Sans Nom vampirise ses habitants et fait preuve d’au moins deux visages.
Peuplée de fantômes, générateur de l’enfermement, elle est l’enterrement prématuré, la peur du noir, les portes entrouvertes sur le vide, les bruits de pas dans la cave oubliée.
Elle grandit ; elle palpite comme un couteau ; elle se consume.
Elle est intersection, est est l’Interzone, elle s’étend comme une marée mauvaise.
Et qui sait si les êtres qui la peuplent ne sont pas eux-mêmes des Créatures Sans Nom.

Au fil des dédales de l’organe, Messaline Elssler ravive la flamme qui vacille et ressuscite les lambris qui dévorent.

339. Vision De Glass Comme Reflet De La Vie En Creux

Posted in fantôme, meurtre, possession with tags , on février 1, 2010 by 1000morts

Il marche dans les couloirs sous la montagne mais ses pieds frappent ceux de l’autre à chaque pas. Attaché à un corps qui n’est pas le sien, Glass déambule, homme sans sommeil, voyant sans yeux propres, arme dans l’étui de North, plus terrible sans doute que le pire métal, condamné à dévorer les ombres de ses ennemis, leurs âmes d’obscurité, au service d’un tueur inanimé.