Et Chrome se relève en sa caverne originelle. Il époussète son costume noir, redresse sa cravate, passe la main dans ses cheveux. Se demande où il est vraiment. Cela ne ressemble pas à la mort, se dit-il, pas au territoire du Léthé. Il commence à craindre une erreur, son âme c’est le doute ; s’il n’avait jamais quitté Khalaï ? Si le Passage n’avait été qu’un Retour ? Redoutant en cela le scénario noir de toute sa clique – être pris dans une Boucle, trébucher quelque part, revenir en arrière mais trop loin pour reprendre le fil et repartir ; ne plus pouvoir que préparer ce qui a déjà eu lieu plus tard. Mais il lui semble que non : cette grotte ressemble à tout ce qu’il en a rêvé, les silhouettes sur les parois, contours de la soif, pouvoirs de l’excrément. Chrome, sa vie en deçà est close : ici débute la fin de sa quête.
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201. Ici Commence La Fin De Chrome
Posted in resurrection with tags chrome on septembre 17, 2009 by 1000morts130. Les Douze Heures De Chrome A Tikal : Septième Heure
Posted in resurrection with tags chrome, tikal on juillet 8, 2009 by 1000mortsDes dizaines de mains agrippent son cadavre gluant, récoltent chaque débris d’os et grattent chaque encastrement de cervelle, tout est soigneusement répertorié, consigné, évalué, scanné et manipulé, assemblé, pensé, examiné et testé, tâté, refermé et soudé, jusqu’à ce que Chrome émerge sur la table d’opération tendue de velours vert. Un objet entouré d’autres objets, lames et scies mordantes, perceuses et visseuses, plaques de métal et feuilles d’or, des cheveux de teintes et textures très diverses, des champs dressés au regard, masques, gants, coudes qui actionnent des robinets dans la pénombre, mains levées et yeux écarquillés, tout se passe dans une lumière de nuit tombée en plein après-midi.
Chrome allongé ouvre les yeux, sa peau brille d’une clarté cendrée, ses narines palpitent à l’odeur âcre du cochon grillé, la première pensée de ses mains est pour son crâne, bien sûr. Il se touche la tête, fronce les sourcils. Et se pose la seule vraie question qui s’impose : qu’est-il devenu pour prix de toute information ? Car payer un prix est une chose ; rembourser les intérêts sur un emprunt que l’on n’a pas contracté, une autre.
La station assise est un supplice ; debout, pire encore. Il marche sur des clous rouillés, sa gorge est pâteuse et sa bouche lui semble comme si on avait relié son côlon directement à sa gorge. Nul mouvement ne trahit une présence – Chrome est seul assis dans la salle de réveil, le pavillon des catatoniques où se jouent des parties d’échecs horizontales. Où se délivrent les pires guerres, les conflits des nerfs avec eux-mêmes.
Il claudique vers un passage dans le mur le plus éloigné, où s’entredéchirent une obscurité plus profonde et les stroboscopes d’une ampoule nue au plafond. Droit sous la pluie de flashes, un pantin assis dans un fauteuil roulant. Vêtu d’une robe de chambre plutôt sale, barbe de huit jours, tonsure dans cheveux aile-de-corbeau, deux doigts de la main droite passés dans l’anse d’un mug fumant appuyé sur l’accoudoir ; l’autre main relâchée, paume vers le bas, sur le second accoudoir.
C’est lorsqu’il contourne la chaise pour faire face à l’indic que Chrome sent vraiment l’action du rasoir sur son échine ; qu’il abaisse son regard vers celui de l’indic qu’il plonge vraiment : un œil totalement blanc, l’autre pointé vers lui ; un œil tourné vers l’intérieur, l’autre braqué vers l’extérieur. Et Chrome ne parvient pas, à son grand dégoût, à déterminer par lequel il se sait transpercé.
075. Lodger, Track #3
Posted in resurrection with tags lodger on mai 14, 2009 by 1000mortsLes rêves de cette femme, son parcours en Enfer, tout le chemin du milieu parcouru par Lodger pour situer son âme et la ramener derrière lui. Et la règle, fixée par le fondateur et saint patron mythologique de cette secte d’assassins : ne pas se retourner vers le client avant d’être sorti du boxon. Un maelström dégueulasse qui explique la largesse des émoluments perçus. Le Léthé, la barrière naturelle avant le retour. Et toute la glace accumulée dans ces terres froides pèse sur les épaules de Lodger. Dans son dos, l’ombre inverse, les champs de pavot qui rajeunissent, la longue litanie des pleureuses qui éplorent le départ vers le passé, et quand le seul miroir de l’eau vous renvoie l’image trouble du flétrissement, comment ne pas pleurer le retour à la vie ?