Je peux me perdre ici, dit-elle. Sur son esquif, les épines apparentes, ces corps entassés sur un océan de thé vert, les sucreries d’un passé qui n’existe pas, l’admiration des portraits sans tain, elle flotte sur son nuage de viscères, cette douleur qui lui coule le long des jambes, son trop-plein de secrets, quand la nuit tombe sur son ventre, tatoué de ténèbres, figure des pièces sacrifiées, son visage en noir et blanc, le rythme martial de son cœur qui s’emballe, elle s’allonge verticale sur les champs magnétiques, si encore elle n’attendait que le matin.
Ses bras frémissent au baiser nucléaire.
L’électricité des familles désunies.
Elle ici, au sortir de l’entonnoir, son escalier de mouches vitrifiées dans leur danse.
Miroir à guillotine.
Dans les chambres salies au foutre boueux du marchand de sable, son sang mouvant, piège de fourmis-lions, où tombent les astres au doux prénom du diable.
Liz, ses paupières s’embrassent. Un homme descend le clocher, un autre le monte, nouvelles créatures crachant leur venin sur les rouleaux de prières.
Le bois des rouleaux. Le bois des prières.
Son corps repêché parmi les algues.
Son corps dans des sacs poubelles.
Son corps en poudre répandue dans les entrepôts désaffectés.
Son corps éclairé dans les vitrines de néons.
Son corps plutôt que rien.
Son corps malade d’être ici.
Offrande aux troncs.
Le même qui fait la mangeoire, fait le vaisseau terminal.