Archive pour septembre, 2009

214. Cheveux Noirs, Chevaux Blancs

Posted in destruction, poison, sexe with tags , on septembre 30, 2009 by 1000morts

Liz/Messaline, deux expressions de la même existence femelle, les mots écrits pour l’une, le poison liquide, flottant au milieu de la bouteille pour l’autre, et cette indifférence mutuelle qui enserre le flacon jusqu’à l’abrutissement et l’implosion. Le jumeau s’auto-érotise dans sa sphère de verre. Et éjecte sa semence en manière de bulles d’air prises dans les parois vibrées.

213. Le Basalte Et L’Asphalte

Posted in commerce, mutilation, reproduction with tags on septembre 29, 2009 by 1000morts

Son Jumeau en elle, Liz bat les cartes. Retourne le Bateleur, trafiquant d’organes, fait la retape à l’entrée du temple de toile, sur son estrade à l’abri de l’eau qui noie même la boue, hurle son boniment, vend son spectacle sacerdotal, égosille les noms et les actes, la parfaite teneur d’un enchantement progressif, de bas étage, sous le poids changeant de l’averse qui écrase le sons. Perdu dans la brume au-dessus de la ville, le Bateleur, baudruche d’atrocité, clignote du rouge au blanc et projette son ombre sur les plus hauts gratte-ciels. Liz, sorcière sur le chemin des cités vides, marche dans les rues que surplombent le basalte et l’asphalte des trottoirs éventrés.

212. Le Troisième Satyre De La Colère-Serpent

Posted in fantôme, meurtre with tags , on septembre 28, 2009 by 1000morts

Mon séjour ici était écrit dans mon sang. On habitait la campagne, mon père et moi : il n’y a pas ce genre d’hôpital en banlieue. Ticket aller simple pour Byble, trempé dans ses fluides corporels. Ils ont eu du mal à en croire leurs yeux, lorsqu’ils ont ouvert la porte de la cuisine. Il leur a fallu des jours pour tout rassembler, les morceaux et les idées, les hypothèses, les raisonnements, jusqu’aux évidences menant à moi. Je ne crois pourtant pas qu’ils m’aient attribué les trucs retrouvés dans les loges des porcs, non. Cela ne fait guère de différence. Je porte la même tenue que si j’en avais flingués à la pelle, des gars comme lui. J’avais ma chance jusqu’au four à chaux. Là, j’étais coincé. Ces siamoises, qui errent dans la salle de télévision, tournent autour du distributeur de crasses, soudées par l’épaule, partagent bien plus que de l’espace : elles se répartissent l’aérodynamisme, avalent les kilomètres-Ford chaque jour en les divisant par deux. Matent les lumières des avions qui décollent et se stabilisent au-dessus de la ville. Parfois, elles introduisent une main dans la machine et frôlent de fantomatiques lambeaux d’emballages. Avec des soupirs de grilles qui grincent. Prêtes à empaler les enfants égarés.

211. Nile Est Légion, Douves Et Hôtes

Posted in involution, reproduction with tags on septembre 27, 2009 by 1000morts

Les visages autour de lui, tous semblables, avec chacun sa dissemblance envers soi-même, née des infimes variations de l’espace-vitesse.

Nile, légion au milieu de sa multitude, comme une reine entourée d’esclaves, énorme, amorphe, changeante, un reflet holographique dans la masse brisée du miroir de John Dee, celui qui donne à voir et reprend tellement davantage de l’autre.

Les sons lui parviennent, chocs d’enclumes, lampes à acétylène, l’industrie du bruit consommé, les visages se déforment, la chimie pénètre les pores et les parois gastriques, tout l’appareil génital involue et remonte vers l’origine. Nile, virus, reproduit les hôtes pour toucher à l’immortalité.

210. Dans Un Million De Cages, Partie 6

Posted in destruction with tags on septembre 26, 2009 by 1000morts

Tout se résume à Byble ; les sirènes et les ambulances à tombeau ouvert ; la géographie mercuriale, les fondations qui n’en sont pas, mais qui ouvrent, certes, vers le Grand Ailleurs ; et le silence, sinon l’absence, de toute solidité véritable.

209. Staccato Au Noir

Posted in marche d'enfer with tags , on septembre 25, 2009 by 1000morts

L’aveugle repose les mains sur ses cuisses. Le corps nu étendu devant lui, ses cheveux blonds qui s’assombrissent aux racines, a déjà changé. Les dix petits disques de peau rougie, de la taille chacun d’une dernière phalange, se multiplient sur la cage thoracique, creusent le derme, dessinent un staccato immonde, qui arrache au concertiste un sourire muet. Lodger laisse la chair pétrie se reposer un instant, puis reprend son œuvre au noir.

208. Là Où L’Oxygène Commence A Manquer

Posted in avortement with tags on septembre 24, 2009 by 1000morts

Qui est le Jumeau Olivâtre, l’Autre de Liz ? Projetée sur l’écran, de l’autre côté de l’autel, elle sait que sa blessure au ventre se refermera d’elle-même, et que la cicatrice, marque du kriss, sera masquée d’un tatouage. Ce qu’elle pressent, en revanche, est l’arrivée en son for intérieur d’une conscience qui n’est pas la sienne.

«J’ai mes stratégies, murmure-t-elle. Mes charmes. L’odeur du bois de sureau le fera partir. Les propriétés émétiques de la scopolamine, qui donnent à la vérité ce parfum si particulier, l’extrairont comme une excroissance maligne.»

Liz croit encore en son pouvoir, alors que son nouveau Plan lui laisse les mains sèches en face de l’endo-adversité.

207. Descente Au Niveau Zéro

Posted in meurtre with tags on septembre 23, 2009 by 1000morts

Dans le corridor noir, Chrome est debout, visiblement décontenancé. «Trop d’issues, pas assez de direction», lui dicte sa voix intérieure. Un biocab’ implanté près de sa glande pinéale. Des dialogues sans fin, de quoi le rendre fou, au bord du précipice sous la terre. Là, tout au fond, de lui comme du monde.

Chrome, fruit de la duplicité, se met en route dans le corridor noir, plaque une oreille sur une porte, pose la paume sur une autre, fait jouer une poignée, jette un œil à travers une serrure. Tout a l’odeur de l’obscurité, rien ne lui est révélé, il se demande pourquoi ses neurotransmetteurs sont HS. Et pourquoi ressent-il des vibrations dans ses tendons, même et surtout lorsqu’il demeure immobile ? Quels déplacements d’énergie filtrent au cœur des parois, il aimerait le savoir. Tout comme sa conscience commence à s’entacher, objet de tueries, frappées de gouttes de pluie salées.

Le couloir se déroule, et Chrome, en son labyrinthe têtu, est un morceau de corail perdu dans la grande profondeur.

206. Pas Assez De Messie Sur L’Eau Saline

Posted in etouffement with tags on septembre 22, 2009 by 1000morts

Dans sa cité rouge, Messaline expire lentement, revient à la vie de ses bronches, n’est plus seule, le sent. Mais s’interroge : si elle n’est pas dans le reflet de sa chambre, où est-elle vraiment ? Je dois me redéployer depuis un simple globule, un neurone premier, une cellule souche. Et ces meubles, que contiennent-ils… Des panoplies, d’autres visages, une bobine à dévider qui ne ressemblera pas aux précédentes, elle hésite, caresse les tiroirs du bout des doigts – évite la coiffeuse et son miroir étrange – effleure la serrure du secrétaire – pas de clé, mais peut-être n’est-il pas fermé ?

Une idée lui vient : pas de porte, ni d’escalier, ni de trappe, pas de dalle à escamoter, pas de poignée, nulle part une anfractuosité où accrocher pour espérer s’enfuir.

Messaline pense, et si je n’étais pas encore suffisamment Messaline pour pouvoir sortir ?

Une question du poids de l’âme dans les cohortes du corps.

205. Descending

Posted in reproduction with tags on septembre 21, 2009 by 1000morts

Ses enfants progressent vite – ses entrailles ont bien travaillé. Les épreuves ont été franchies, ses civilisations se développent à toute vitesse, de la roue à la courbure espace-temps, de la séparation des bandes-son et image au voyage corporel dans le passé et le futur. Nile sème les germes et navigue sur l’échine d’un dragon qu’il a lui-même engendré. Car le temps marche avec lui. Et que ses desseins se déploient désormais à l’échelle d’un cosmos.