Archive for the marche d'enfer Category

540. Liz Baise La Terre Sur Huit Côtés : Retour 1/2

Posted in devoration, marche d'enfer with tags , on janvier 28, 2020 by 1000morts

Elle marche en silence sans quitter sa salle des chandelles suspendues. Toute cette graisse agglomérée ; ces chants de poussière épaissis par la nuit. Elles prennent feu mais restent froides. Elle marche sur le vent, sur la douleur dans ses doigts, ses doigts arrachés aux racines, ses branches diluées dans la ferveur de la pierre.

Elle peut tout, nue dans la magie. Épouser la ville. Enfanter la maison.

Dessiner des ombres avec le feu.

Enfler jusqu’aux larmes, tailler un masque dans la peau des visages, épuisé, abattu au cœur des forêts, les rivières en rues, n’avoir plus de nom, fusionner les extrêmes, ne pas partir finalement, en finir ici, laisser le temps filer, doigt percé des rouets, la procession lente, le doux cliquetis des doigts sur les machines, paumes éclatées contre l’impossible vérité, l’aveu qui ne viendra plus, les fleuves se joignent, vitraux enflammés par la lune ascendante, j’ai bien caché mon jeu dit-elle, cartes dans la manche, la prestidigitation de la haine de soi, corps qui flottent devant les yeux, Liz aux courants souterrains, ses bras caressés de remous, la plante de ses pieds mouvante sur les serpents liquides, elle compte les pas qui restent, les pas jusqu’à la terre.

Baiser la terre sur huit côtés. Rejouer les scènes dont personne ne brise un mur.

Refaire la vie du tranchant de la main.

Elle aurait pu fumer dégoulinante de lumière dans la chaleur du matin.

Liz s’enfonce dans la vase, dans sa musique d’immobilité, dans ses fusées qui explosent, dans ses yeux attachés aux écrans, dans sa bouche pleine de peinture au plomb, elle descend les étages vers l’extrême-centre, l’un après l’autre, marcheuse d’enfer confiée aux dieux de l’alliage, tatouée de la tête aux pieds, des cailloux qui pointent, des galets lavés par les courants magnétiques, franchir la distance de la peau à la peau, sentir les battements de cœur, les déplacements aux piscines intérieures, descendre encore dans les anfractuosités sous le monde, aux chiens enchaînés, aux grues d’où l’on tombe, repousser s’insérer attendre, elle serre les bras contre son corps et se laisse engloutir par la colline obscure.

266. Arrivée De ChromEssaline A Byble

Posted in marche d'enfer, passage with tags , , on novembre 20, 2009 by 1000morts

Les dialogues s’enchaînent, se nouent de telle manière qu’il n’est pas permis d’exprimer ici. C’est un alcool indigeste qui s’insinue dans leurs gorges. La complétude comme forme dernière de la satiété. Ils s’achètent mutuellement pour s’échanger à nouveau. Troquent leurs défroques pour une nouvelle mue. Et, sans bouger, accomplissent le chemin du retour, par les couloirs et les boyaux, les artères dépeuplées, les cages, toute l’aménorrhée mentale de Chrome mêlée des sacerdoces de Messie, sa danse, le flot des acteurs comme boucles noires dans ses cheveux.

Ils remontent la pente, Messaline ouvrant la marche sans un regard en arrière, les paupières closes d’ailleurs, et s’efforçant, l’air de rien, de mettre bas un second fragment de son miroir brisé reflétant Chrome sur ses talons.

Le cône de lumière apparaît enfin, ce tunnel de gaz carbonique où flottent les papillons éthérés. Messie a percé l’enveloppe qui lui ressemble pour repasser sur un Plan inconnu. Au pied d’une haute tour dominant l’océan.

Les dialogues s’enchaînent, se nouent de telle manière qu’il n’est pas permis d’exprimer ici. C’est un alcool indigeste qui s’insinue dans leurs gorges. La complétude comme forme dernière de la satiété. Ils s’achètent mutuellement pour s’échanger à nouveau. Troquent leurs défroques pour une nouvelle mue. Et, sans bouger, accomplissent le chemin du retour, par les couloirs et les boyaux, les artères dépeuplées, les cages, toute l’aménorrhée mentale de Chrome mêlée des sacerdoces de Messie, sa danse, le flot des acteurs comme boucles noires dans ses cheveux.
Ils remontent la pente, Messaline ouvrant la marche sans un regard en arrière, les paupières closes d’ailleurs, et s’efforçant, l’air de rien, de mettre bas un second fragment de son miroir brisé reflétant Chrome sur ses talons.
Le cône de lumière apparaît enfin, ce tunnel de gaz carbonique où flottent les papillons éthérés. Messie a percé l’enveloppe qui lui ressemble pour repasser sur un Plan inconnu. Au pied d’une haute tour dominant l’océan.Les dialogues s’enchaînent, se nouent de telle manière qu’il n’est pas permis d’exprimer ici. C’est un alcool indigeste qui s’insinue dans leurs gorges. La complétude comme forme dernière de la satiété. Ils s’achètent mutuellement pour s’échanger à nouveau. Troquent leurs défroques pour une nouvelle mue. Et, sans bouger, accomplissent le chemin du retour, par les couloirs et les boyaux, les artères dépeuplées, les cages, toute l’aménorrhée mentale de Chrome mêlée des sacerdoces de Messie, sa danse, le flot des acteurs comme boucles noires dans ses cheveux.

Ils remontent la pente, Messaline ouvrant la marche sans un regard en arrière, les paupières closes d’ailleurs, et s’efforçant, l’air de rien, de mettre bas un second fragment de son miroir brisé reflétant Chrome sur ses talons.

Le cône de lumière apparaît enfin, ce tunnel de gaz carbonique où flottent les papillons éthérés. Messie a percé l’enveloppe qui lui ressemble pour repasser sur un Plan inconnu. Au pied d’une haute tour dominant l’océan.

262. Les Deux Iris Qui Mènent A La Nuit

Posted in marche d'enfer, reproduction with tags , on novembre 16, 2009 by 1000morts

Ils sentent la peau qui s’espace et tout à coup fusionne dans une même ligne de fuite. Elle, l’invisibilité du fantôme, rose éclose au coeur du jardin-labyrinthe, baignée de lumière ultraviolette et des lampes à acétylène ; lui, l’imperméabilité du plomb, pièce d’échec qui se déplace de son propre chef, au gré des stratégies et de l’amour du chaos. Unis dans le mouvement, images qui bougent, machinisme de la magie noire et blanche, oeuvre au pourpre, Messaline et Chrome paumes contre paumes et le double tunnel de leurs visions du Grand Autre, achèvent leur marche d’Enfer au creux d’un ventre.

241. Incantation Contre Le Suicide Organisé

Posted in marche d'enfer, suicide with tags , , on octobre 27, 2009 by 1000morts

Avec la sensation tactile de Messaline dans les paumes, Chrome pouvait fixer sa résidence dans la carte rétinienne de son interminable enfer. La Marche était nouvelle pour lui, qui n’avait pas été initié. Un Voleur d’Initiation, voilà ce qu’il pensait être. Pas tout à fait : Chrome ne pouvait le savoir mais seule l’absorption d’un Marcheur d’Enfer aurait fait de lui un cambrioleur psy. Et il n’aurait jamais pu entrer en résonnance avec un maître comme Lodger. Peut-être la qualité particulière de son matériau y était-elle pour quelque chose, Messaline elle-même en son infime orgie. Et l’assoupissement parfait de son oreille interne, comme preuve de tout aboutissement. Chrome, tant-fois-né et sa poésie du mal-être, se redressa en s’appuyant au chambranle organique. Suivit le chemin tracé sur son parchemin d’âme. Et déboucha, au bout d’un couloir, sur une porte massive marquée du sceau des Marcheurs : un Y composé de trois V accolés. Il posa la main sur le sigle et murmura des mots de volonté, baissant la tête jusqu’à frôler du front la pierre froide. Une incantation contre le suicide organisé.

224. L’Obstétrique Et L’Orichalque

Posted in marche d'enfer with tags on octobre 10, 2009 by 1000morts

Chrome et son Enfer, celui d’une autre. Brillant d’un feu d’orichalque, son mystère d’alliage, la quintessence d’une cité concentrique. Chrome à nouveau perdu, mais sans les infrastructures de l’hôtel cette fois, perdu dans des couloirs changeants, des tunnels, des boyaux, parois mobiles, molles, collantes au doigt et répulsives. Chrome en son ascidie, plongé dans les sucs de cet Enfer privé, remonte le courant d’une âme, dont l’acier se mêle au cuivre, au laiton, à l’aluminium des énumérations sordides. Bifurque dans des salles vides, noir sur noir, des portes qui s’ouvrent d’elles-mêmes à son approche, d’autres qui se refusent obstinément, trompe-l’œil, amuse-gueules, Chrome est calcination, ses vêtements s’embrasent de reflets, le temps presse, l’air manque, Chrome avise une pièce luisantes et claque la porte derrière lui.

219. Le Commerce De L’Incandescence

Posted in commerce, marche d'enfer with tags on octobre 5, 2009 by 1000morts

Lodger ne voit pas. Les couleurs sous ses doigts sont indistinctes, tout va avec tout, la nuit bleutée des feuilles d’arbre sur la pellicule. Pourtant cette peau sous la pulpe, ces strates rainurées, rêches et soyeuses, leurs signatures intelligibles, cette peau qu’il pianote sans partition, se décline sous ses yeux et il peut la voir, incandescer là, dans la cellule vitale, son manchon d’aura dépouillé, la vérité sous le fard, la musique du masque. Et c’est en définitive lui qui offre plus que ce qu’on lui prête, dans l’espoir de se refaire et la certitude d’y laisser plus que de raison.

209. Staccato Au Noir

Posted in marche d'enfer with tags , on septembre 25, 2009 by 1000morts

L’aveugle repose les mains sur ses cuisses. Le corps nu étendu devant lui, ses cheveux blonds qui s’assombrissent aux racines, a déjà changé. Les dix petits disques de peau rougie, de la taille chacun d’une dernière phalange, se multiplient sur la cage thoracique, creusent le derme, dessinent un staccato immonde, qui arrache au concertiste un sourire muet. Lodger laisse la chair pétrie se reposer un instant, puis reprend son œuvre au noir.

131. Vision De Messie : Descendante

Posted in marche d'enfer with tags , on juillet 9, 2009 by 1000morts

Au feu des enclumes, le bruit d’orage des marteaux répond ; par touches successives, chaque échelon la mène vers le bas, toujours vers les cités inférieures ; succession des couleurs, des tons prolongés, des luminosités tamisées ; le courrier du soir n’apporte que tristesse et sens du malheur ; comme un navire qui tangue, cordes tendues, frappées par les gouttes de pluie ; sa courbe de corps se confond, dans l’âme amère du moment, avec celle d’un véhicule toxique.

126. Entrée De Madame Bathory Dans Le Coma Des Rêves

Posted in coma, marche d'enfer with tags , on juillet 4, 2009 by 1000morts

– Allongez-vous, ma chère. Vous risquez de tomber sur ce sol si dur et froid, et que pourrait y faire un aveugle tel que moi ?

La femme aux cheveux presque blancs, une main appuyée sur le manteau de la cheminée, hésite visiblement. Ses yeux écarquillés transpirent l’effroi ; son autre main, gantée celle-ci, rougit le tissu et imbibe son flanc. Elle attendait, mais le fruit de sa patience ne la nourrit pas, non.

– Etendez-vous sur ce lit tout simple.

Sa voix commençait à grincer, tout doucement, comme une porte trop vieille que l’on tente de refermer aux premières heures du matin. On y entendait des bruits d’acier, la cohorte des enchaînés, les chocs de la sidérurgie et le cliquetis spectral des cauchemars. Une procession qui ne semblait pas suffire à la décider.

– Ou devrai-je me révéler à vous pour vous convaincre d’obéir ? Est-ce cela que vous désirez VRAIMENT ?

Soudain, sa voix s’était faite celle des éprouvés, du déchirement, de la torture des bonnes intentions. Elle avait la force sécante du couperet et celle, contondante, du marteau de guerre. Madame Bathory prit place, ainsi qu’il l’avait ordonné.

L’homme se rassit, aussi rapidement adouci que sa colère avait éclaté. Il posa son bâton d’infirme par terre, à côté de lui, après s’être assis sur un tabouret de bois. Il avança les mains et, sans tâtonner, les posa à l’endroit exact où les lignes de puissance se rejoignaient. Au centre du labyrinthe formé par des courants, d’invisibles courants de profondes énergies. Instantanément, Madame Bathory s’évanouit, sa peau translucide palpitant comme ailes de papillon, ses cheveux éclairant avec faiblesse le visage extatique de l’aveugle. Dont les doigts prirent vie à mesure que celle-ci quittait le corps qu’ils pianotaient de plus en plus furieusement.

094. Où L’On Voit Chrome Echouer A Trouver Le Moindre Indice

Posted in marche d'enfer with tags , on juin 2, 2009 by 1000morts

Sa course est fulgurante, et pourtant. Lorsqu’il déboule dans la chambre de Nile, arme au poing et la souffrance légère de la sueur dans ses yeux, Chrome ne trouve rien. Pas même un morceau de verre sur la moquette, un caillot, rien qu’un très grand vide entre celle-ci et la chambre mitoyenne, un gouffre d’un mètre à peine, quelques pas, la distance du rêve où l’on parcourt trois fois la surface du globe pour se réveiller quelques minutes plus tard. Troisième cercle de sa Marche d’Enfer : Chrome n’est pas conscient d’avoir refermé la porte aux senteurs de chien derrière lui.