052. La Charmeuse D’Ether
Messie, c’est la danse elle-même, elle a charmé des princes allemands exilés à Londres, dans des salons pleins à craquer, convoitise, fumées, les chaises en cercle, prêts à observer ses évolutions. La vie en ronds, elle, Messaline, les yeux cernés, double violette fanée à la semblance des yeux, d’ores se départit de ses accoutrements pour enfiler l’invisible mise du peuple démon, et déjà les excroissances épousent son ombre projetée. Car les chandelles sont teintes en rouge et en noir, dégoulinent de choses convexes, et leur parfum d’odeur baigne l’aurore d’un coton moite. Messaline s’offre aux regards, épouse ces regards, imprime la torsion de ces dégueulis oculaires, et ses chants sont main fine tendue à travers le voile du décès.
Pendant que danse, Messie peut lire sur les lèvres du Duc. « … Car les succubes sont trésors aux mortels interdits, mon cher… » Et ce disant, les lèvres presqu’absentes de Wier dessinent une pandémie, l’envahissement des bubons, profitent, engendrent, jouissent. « … Que viennent les serviteurs, de la nuit ou du feu… » Il murmure mais ses lettrines sont déchirantes aux oreilles de la tournoyante, le poids acéré des caractères employés. « … J’ai des fers pour eux, et la terminaison s’opérera quand moi, je l’aurai décidé… » Il murmure droit dans l’oreille de son Hôte, des sanglots bilieux, une sanie d’or. « … L’host du prince est en la vallée réunie, elle attend mon bon plaisir… » Ses accents sont murs soupirants, corridors fantômals, perpétuation de l’espèce. « … J’annonce une Guerre Du Sang… » Et Messie voit les yeux de leur Hôte virer au blanc de certaines heures du crépuscule.
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