005. Premier Passage De Chrome : Skylight Republic

Chrome ouvrit la porte et entendit le cliquetis des chaînes.

La pièce était noire, longue, en forme de L imparfait. Dans la partie la plus étroite, une cheminée, fumeuse. A l’autre bout, l’acier jetait de petits éclairs, ricochant la matière fissible née de l’autre côté des fenêtres. Il s’approcha. D’ici, la vue était étourdissante, on devinait même les vergers, loin au Ponant, à leurs pylônes géants et clignotants. Là où s’élevaient les fantômes.

Un craquement dans l’âtre : les restes d’une boîte. Les braises étaient froides, et pourtant la boîte incandesçait encore, toute lumineuse de sa géhenne interne. On lui avait dit que Messaline serait ici, ce soir, torturée, au bord de la faillite organique, de la débâcle, devant les décombres de sa propre volonté. Il avait tué pour elle, beaucoup, sans distinction, mais plus de souvenir, non, tout ça était devenu fiction, était déjà fiction avant qu’il ne le lise sur le fil de son âme.

Las, Chrome avait oublié les mots. Il n’osait pas. Non, il n’osait pas examiner les menottes qu’il savait là, suspendues dans la vacance de Messaline.

Alors il revint à la cheminée. Perte et prestidigitation, manque et magie, et la clé qui n’était plus dans sa boîte. Chrome s’accroupit devant l’espace d’ores sombre et déjà mouvant, le charbon promettant le diamant à la semblance du soleil en sa chaleur, les éléments se déplaçant, figurant la danse du sabot, la flèche au sommet qui n’attrape que le vent, il mit son âme sur sa tempe, détonna sa cervelle sur le rideau et la vitre, pencha son cadavre vers le centre de ce nouveau marché et le laissa, rampant, pénétrer dans le Passage.

Chrome, une fois mort, deux fois né, fit ainsi son apparition en Skylight Republic. L’usine-monde. Et la recherche ne faisait que commencer.

Une Réponse to “005. Premier Passage De Chrome : Skylight Republic”

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