524. Où Liz Danse Sa Danse D’Épées Tournoyantes : Chute 3/2
Et toutes ces voix dans les cités vides. Elles sont ici, au bout du doigt contre la tempe, derrière le vitrail qui marque l’arrivée, l’heure du coucher, ces millions, ces nuées.
Elle caresse le vent du bout du doigt. Mime des éclatements sonores. Les propos du mensonge. Elle fait semblant de tomber. Ces mains qui se tendent. Ces poings qui n’ont que la peau sur les os, ces poings malingres pointés vers le soleil interne, vers son visage qui sourit, l’air horizontal se dérobe de chaque côté de son visage, doux comme une fourrure, doux comme un parfum, les fleurs qui poussent dans les mâchoires, parmi le miel et les araignées du ponant, elle descend dans les étages, change d’avis, se déleste du poids qui la plombe, vierge dans l’air du soir, démarre sa nuit au long des voies ferrées, charge le calcaire dans les voitures de la veille, embauche les hommes et leurs montres à gousset dans l’encolure des paupières, travaillent ici, travaillent dans les impasses et les contre-allées, servent le béton armé et la cimenterie du diable.
Sur la colline le soleil émerge rouge faible mâché.
Dans sa cave ultime, Liz compte les os qui lui restent pour jouer sa vie aux dés.
Les voix d’échos se referment comme une boîte.
Des millions dans les tunnels, autant de clés sans serrure.
Sa voix se penche sur la branche des bras tendus, lourds de fleurs brunes, aveugles dans la nuit. Liz s’étend brusquement.
Rien n’oppose la peau de ses bras et la terre glacée. Ses cheveux se mêlent aux graviers, aux pierres rénales, aux remèdes absolus. Elle vend ses parfums pour des miracles, attire le chaland par sa danse d’épées tournoyantes, et garde l’entrée de la tente pour qu’aucune créature ne s’en échappe. Leur sang pulsant dans les oreilles où résonnent les autres voix.
Change d’avis.
Étale ses cartes d’état-major sur les tables du festin. Et prend, dans l’incandescence des soieries vitrifiées, la pose d’une tête brisée de trop de voix.
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