513. Elle Voit Les Brasiers Du Sang Frapper Monnaie : Audience 2/2

Liz monte les marches. Le rideau s’écarte. Le rideau rouge. Marches de bois. Planches organiques. Les foules du vitriol. S’affolent dans les courants d’air.

Ce goût sous sa langue. Le sens du partage. Ondes électriques parcourent.

Mériter la récompense.

Mensonge. Toujours pleurer. Elle monte les marches.

Chaque bois le blanc ou le noir, damier des incohérences, elle cherche à sentir, à humer l’air dans ses poumons, le sens de ses bronches, les battements d’harmoniques, elle voit les méduses flotter dans l’air, les chants de fréquences, elle voit les visages de ses juges, dans la pénombre des tunnels et des anfractuosités.

Ces visages aux paupières lourdes.

Eux qui reflètent. Eux qui jouent aujourd’hui aux lueurs, aux lucioles, aux ardents dans les combes, dans les feux de Saint-Jean, et Liz voit les aigles s’élever dans le feu, elle voit les cœurs brûler sur la scène, elle voit les mains soudées aux accoudoirs, elle voit les baisers du sang frapper monnaie, elle voit son visage sur des disques de soleil, elle voit ses bras dessiner des ellipses de chaînes, et devant elle ces rangées de mannequins qui jugent.

Derrière elles des portes qui claquent, des garde-robes qui s’effondrent en bas de falaises, des araignées géantes qui absorbent lentement les cauchemars des enfants nus, Liz sait qu’elle a tort ; elle sait que la justice est une peau de charme laissée au vestiaire.

Liz attend que quelque chose se passe.

Les lignes qui épousent. Les contours se refermer.

Dessiner des portes et des gradins. Des instruments. Des voies de chemins de fer.

Sifflement. Liz relève la tête. Presque sourde aux commandements, elle s’enfonce dans le mensonge. Elle s’enfonce malgré tout. Elle s’enfonce.

Les mains liées dans le dos, elle baisse la tête. Devant elle les torses ploient sous les applaudissements. Elle sent la matière glisser le long de son dos.

S’amplifier dans les plis de sa robe. Mériter sa récompense.

Attendre. Attendre. Attendre la cadence des multiplications.

Tissu rouge, devant les montages et les paroles, dessin sur sa peau, reflet de ce qu’elle pense, toux racleuse dans les poumons d’égouts, trop droite pour sentir quoi que ce soit, pas de troc des chairs ici, Liz prend ce dont elle a besoin dans les bancs de viande et les mélodies répétitives du jugement dernier. Elle voit certaines lignes dévier vers les rails du commencement du jour. Et revit ses prémices comme une accusation.

Debout sur l’estrade où les lumières convergent, appuyée sur la balustrade de bois clair, sous la lumière des poursuites nocturnes, à couteaux tirés et tout sourire, ici peu importe qui a tort ou raison, qui échange et qui vend à perte, ici où le diable prend ses aises, voyage dans les marges, Liz ne fait aucun cas des lignes de chance qui s’alignent sur les paumes de ses mains.

Publicité

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

%d blogueurs aiment cette page :