217. Le Waldorf Astoria Du Diable (1/7)
Moi, North, j’émerge au pied du gratte-ciel, la sphère à cœur ouvert, quelque chose de plus large que haut. Froid. Neige, ma peau picote, mon oreille interne me fait mal. Vertige devant les deux cents dix-sept étages de bibliothèque enceints dans l’armature de béton armé. Tous ces gars dézingués, qui ont joué au saut de l’ange pour la beauté du geste, la feuille morte, le marteau mexicain, tous ces charpentiers latinos, boulonniers polaks, ravitailleurs chinks, toute l’engeance du bâtiment public éreintée à la verticale et, au bout du tunnel de centaines de mètres, leur ultime fainéantise de finir à plat puis coulé dans un pilier quelconque. Jusqu’à ce qu’une bonne âme écrive leur nom au doigt dans le ciment frais, baptisant sans champagne les dizaines de colonnes comme un cimetière de croix blanches corrigées par façadisme.
Je déboule ici même, au pied du Waldorf Astoria, érigé par des spectres pour une compagnie de goules. Et la saveur métallique s’étend lentement de sous ma langue, jusqu’à ériger en mon for le méphitique obélisque qu’est l’immanis de ces lieux, percolant par vagues de métastases, abrutissant ses terminaisons nerveuses, et la lente agonie de son âme d’antimatière.
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